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  • 25/07/2025

Côte d'Ivoire / Orpaillage illégal : 4 600 milliards qui échappent à l’État, une alliance pour stopper l’hémorragie

Le programme Abidjan Legacy et l’ONG AEIE unissent leurs forces pour transformer le fléau de l’orpaillage clandestin en levier de développement durable. Une bataille stratégique s’engage sur les terres défigurées de Côte d’Ivoire.

 

Il y a l’or… et il y a ce qu’il coûte réellement à la Côte d’Ivoire. Chaque année, 142 tonnes d’or sont extraites illégalement du sous-sol ivoirien. Résultat : plus de 744 milliards de francs CFA de pertes fiscales pour l’État et un manque à gagner global estimé à 4 600 milliards FCFA – soit près de 10% du PIB.

 

Face à cette saignée à ciel ouvert, deux entités aux expertises complémentaires ont décidé d’agir. L’Abidjan Legacy Program (ALP) et l’ONG AEIE (Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives) ont signé un partenariat stratégique pour lutter contre l’orpaillage illégal et restaurer les terres ravagées par cette pratique.

 

La signature de cette convention s’est déroulée à Abidjan, en présence de M. Abou Bamba, coordonnateur de l’ALP, de M. Raymond Bohoussou, président de l’AEIE, et du chanteur engagé Siro, représentant la Fondation YES, connue pour ses actions citoyennes en faveur de l’environnement.

 

Un fléau national, aux conséquences multiples


De simple nuisance locale, l’orpaillage illégal est devenu un problème d’ampleur nationale, touchant aujourd’hui les 31 régions administratives du pays. Écologique, sanitaire, fiscal, sécuritaire… les dégâts sont multiples. L’exploitation minière artisanale non encadrée dégrade les sols, empoisonne les cours d’eau et met en péril la sécurité des communautés rurales.

 

Et pourtant, le pays regorge de richesses aurifères encore sous-exploitées légalement.

« La Côte d’Ivoire est riche de 35% des formations géologiques birimiennes d’Afrique de l’Ouest, et possède un potentiel aurifère exceptionnel », a rappelé Abou Bamba.

 

Pour lui, il est temps de transformer ce déséquilibre en opportunité :

« Il est possible, en organisant l’activité de l’orpaillage tout en tenant compte des conditions environnementales et écosystémiques, de générer des ressources supplémentaires et surtout de créer plus de 100 000 emplois. »

 

Une alliance technique et citoyenne

 

Ce partenariat s’annonce comme une première étape vers une approche coordonnée. L’ONG AEIE, forte de son expertise de terrain, travaille depuis plusieurs années à documenter les impacts sanitaires et sociaux de l’extraction minière sauvage. Son action se concentre sur la sensibilisation des populations, le plaidoyer auprès des décideurs et la recherche de solutions durables.

 

De son côté, l’Abidjan Legacy Program, né à la suite de la COP15, agit comme un catalyseur de politiques publiques en faveur de la restauration des écosystèmes, de la sécurité alimentaire, de l’économie verte et de l’autonomisation des communautés rurales.

 

Leur ambition commune ? Mutualiser les compétences, croiser les données, mobiliser la société civile et surtout, passer à l’action.

 

Quand l’environnement trouve une voix dans la culture

 

Parmi les personnalités présentes lors de la cérémonie, le chanteur Siro, représentant la Fondation YES, est venu apporter une caution citoyenne et culturelle au projet. Un symbole fort dans un pays où l’influence des artistes peut jouer un rôle déterminant dans la prise de conscience environnementale.

 

Et maintenant ?

 

Ce partenariat n’est pas un effet d’annonce. Une feuille de route commune est déjà en préparation, avec des opérations pilotes sur le terrain, des campagnes de sensibilisation dans les zones touchées, et un objectif affirmé : faire de la lutte contre l’orpaillage illégal un moteur de transformation économique plutôt qu’un combat sans fin.

 

Le partenariat ALP–AEIE veut démontrer qu’il est possible de concilier exploitation minière, protection de l’environnement et création d’emplois, à condition d’encadrer l’activité et de mobiliser tous les acteurs. Le défi est immense, mais le coût de l’inaction l’est encore plus.