Énergie : la Côte d’Ivoire sort les muscles avec son plan pétrogazier 2025–2050

En dévoilant son Plan Directeur de la Logistique Pétrolière et Gazière 2025–2050, la Côte d’Ivoire marque un tournant stratégique dans sa politique énergétique. Ce document, présenté à l’occasion de l’inauguration du nouveau quai pétrolier de Petroci à Vridi-Canal, le vendredi 18 juillet dernier, définit les grands axes d’une ambition assumée : faire du pays un hub énergétique régional, à l’instar du port de Rotterdam en Europe.

Ce plan à long terme s’inscrit dans la vision portée par le président Alassane Ouattara de positionner la Côte d’Ivoire comme un acteur central dans la chaîne énergétique ouest-africaine. Dans un contexte de croissance démographique rapide, de pressions sur la demande énergétique et de compétition accrue entre États producteurs, cette démarche vise à structurer l’investissement, anticiper les besoins futurs et garantir un approvisionnement durable du marché.

Trois piliers structurent cette feuille de route : les infrastructures portuaires d’abord, pour lesquelles 420 milliards FCFA seront mobilisés d’ici 2030 afin d’augmenter les capacités de réception des produits pétroliers et gaziers. Vient ensuite le transport énergétique, avec 3 000 milliards FCFA prévus pour étendre et moderniser les réseaux de distribution sur le territoire. Enfin, le stockage et la transformation, au cœur des ambitions de montée en gamme, bénéficieront d’un investissement estimé à 6 000 milliards FCFA. L’objectif est clair : capter davantage de valeur ajoutée localement.

Première réalisation concrète de ce plan : l’inauguration du nouveau quai pétrolier de Petroci, construit à Vridi-Canal pour un coût de 36 milliards FCFA. Cofinancé par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la Banque Atlantique et Bridge Bank, l’ouvrage est dimensionné pour accueillir des navires de 40 000 tonnes et respecte les standards internationaux de sécurité. Il constitue une avancée majeure pour la logistique pétrolière du pays.

Cette inauguration s’est déroulée en présence du Premier ministre, Robert Beugré Mambé, qui a salué une démarche tournée vers l’avenir. "Gérer, c’est prévoir", a-t-il rappelé, soulignant l’importance de la planification stratégique dans la gouvernance des ressources nationales.

Au cœur de la mise en œuvre de ce plan, le secteur privé est appelé à jouer un rôle moteur. Le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa Coulibaly, a précisé que la majorité des investissements sera portée par des acteurs privés, avec l’accompagnement de l’État. Il a insisté sur l’effet structurant de ces projets pour l’économie nationale, en matière d’emploi, de compétitivité et d’autonomie énergétique.

Cette dynamique s’inscrit également dans le cadre du cinquantenaire de Petroci, entreprise publique fondée en 1975. Sa directrice générale, Fatou Sanogo, a salué une nouvelle étape franchie dans le développement de l’entreprise. Pour elle, cette réalisation symbolise "la capacité à entrer dans une nouvelle décennie avec des ambitions renouvelées et des infrastructures à la hauteur".

Au-delà des infrastructures et des chiffres, ce plan envoie un signal clair : la Côte d’Ivoire entend désormais piloter son avenir énergétique avec méthode et ambition. Dans un environnement régional en mutation, où les enjeux de transition énergétique croisent ceux de la souveraineté, le pays se dote d’un cadre structurant pour attirer les investisseurs, renforcer son rôle dans les échanges énergétiques et consolider sa position de puissance économique émergente.

Le défi est de taille. Mais le cap est désormais fixé.