Après des années de turbulences, l’économie ghanéenne montre des signes de redressement, selon un communiqué du Comité de politique monétaire (MPC) de la Banque du Ghana daté du 18 juillet 2025. Inflation en baisse, excédent commercial record et appréciation du cedi marquent une amélioration notable. Pourtant, des défis structurels et un contexte mondial incertain rappellent que cette reprise reste fragile. Analyse d’une économie à la croisée des chemins.
Inflation maîtrisée : un progrès significatif
L’inflation a chuté à 13,7% en juin 2025, contre
23,8% en décembre 2024, marquant le niveau le plus bas depuis mi-2022. Cette
baisse, qualifiée de « désinflation solide » par le MPC, résulte d’une
politique monétaire rigoureuse, avec un taux directeur maintenu à 28%. Si cette
stratégie a stabilisé les prix, elle pèse sur l’accès au crédit, limitant
l’investissement privé. « Les mesures d’inflation sous-jacente montrent un
recentrage des anticipations », note la Banque centrale, signalant une
confiance accrue dans la gestion monétaire.
Cette amélioration, bien que notable, reste à
consolider. Comparée à la moyenne ouest-africaine de 12%, l’inflation ghanéenne
demeure élevée, et la Banque centrale devra maintenir sa vigilance pour éviter
un rebond. Cette stabilisation des prix ouvre toutefois la voie à une analyse
plus large de la dynamique économique.
Une croissance modeste, mais mieux équilibrée
Le PIB ghanéen a progressé de 5,3% au premier
trimestre 2025, selon le MPC, avec une performance hors pétrole
particulièrement robuste à 6,8%, portée par l’agriculture et les services. Ce
rééquilibrage réduit la dépendance historique au secteur extractif, un point
positif après des années de volatilité liée aux cours des matières
premières.
Cependant, les prévisions restent prudentes. Le
FMI et la Banque africaine de développement anticipent une croissance de 4,3 à
4,5% pour 2025, contre 5,7% en 2024, en raison du ralentissement de la demande
mondiale. Comparé au Nigeria, où la croissance stagne sous les 3%, le Ghana
affiche une résilience relative, mais les contraintes sur le crédit limitent le
potentiel des petites entreprises. Cette dynamique de croissance modeste pave
la voie à un autre indicateur clé : le commerce extérieur.
Commerce extérieur : un excédent historique
Le Ghana a enregistré un excédent commercial de
5,6 milliards de dollars au premier semestre 2025, un record comparé au
précédent pic de 4,2 milliards de dollars en 2019. Cet excédent, couplé à un
surplus du compte courant de 3,4 milliards de dollars, reflète des entrées
massives de devises tirées de l’or, du cacao et des envois de fonds, selon
Reuters (18 juillet 2025).
Les réserves internationales ont atteint 11,1
milliards de dollars, couvrant 4,8 mois d’importations, contre 8,98 milliards
de dollars (3,5 mois) fin 2024. Cette montée des réserves renforce la capacité
du Ghana à absorber les chocs externes, mais elle reste vulnérable à la
volatilité des prix des matières premières. Ces gains commerciaux ont également
soutenu la monnaie nationale, un autre pilier de la reprise.
Le cedi rebondit, mais reste sous pression
Depuis janvier 2025, le cedi s’est apprécié de
42% face au dollar, porté par l’afflux de devises et une meilleure perception
du risque-pays. Ce rebond reflète un retour progressif de la confiance des
investisseurs, selon le MPC. Cependant, la Banque centrale met en garde contre
des « conditions financières mondiales tendues » et une « désinflation
potentiellement irrégulière », soulignant les risques d’une volatilité
persistante.
Par rapport à la Côte d’Ivoire, où le franc CFA
reste stable grâce à son ancrage à l’euro, le cedi ghanéen demeure plus exposé
aux fluctuations. Cette appréciation, bien que bienvenue, ne résout pas les
difficultés d’accès au crédit pour les entreprises locales, freinant la
croissance inclusive. Ces tensions financières renvoient à un autre défi majeur
: la gestion de la dette.
Le poids de la dette : un fardeau allégé, mais
persistant
Grâce à un accord de restructuration signé en
juin 2025 avec les créanciers du Club de Paris, le Ghana a étalé 2,8 milliards
de dollars de dettes jusqu’en 2043 à des taux préférentiels de 1 à 3%. Cet
accord a conduit Fitch à relever la note souveraine à B- avec perspective
stable, signalant une amélioration de la solvabilité.
Cependant, la dette publique, estimée entre 66 et
70% du PIB, reste un obstacle. Les taux d’intérêt bancaires, souvent supérieurs
à 27%, entravent le financement des entreprises et des ménages. Cette
situation, bien qu’améliorée, limite la capacité du Ghana à investir dans des
secteurs clés, exposant des fragilités structurelles plus profondes.
Des défis structurels à surmonter
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles menacent
la pérennité de la reprise. Le déficit budgétaire, oscillant entre 4 et 5% du
PIB, reste élevé. Le secteur bancaire, plombé par des créances douteuses,
demeure fragile. Enfin, le chômage des jeunes, touchant 19% des 15-24 ans selon
l’Organisation internationale du travail, alimente des tensions sociales,
notamment dans des villes comme Accra et Kumasi. La Banque mondiale estime que
50% des Ghanéens resteront vulnérables à la pauvreté d’ici 2027 sans réformes
ambitieuses.
Ces défis exigent des mesures audacieuses, comme
des programmes de formation professionnelle ou des incitations fiscales pour
les PME, pour transformer les gains conjoncturels en croissance durable. Ces
enjeux structurels posent la question de la viabilité à long terme de la
reprise.
Vers une reprise durable ?
La Banque centrale affiche un optimisme prudent,
soulignant des fondamentaux en amélioration et une confiance croissante. « Nous
sommes engagés à soutenir la reprise sans compromettre les acquis obtenus »,
conclut le MPC. Pourtant, la dépendance aux matières premières, les tensions
financières mondiales et les faiblesses structurelles rappellent que le chemin
reste semé d’embûches.
Le Ghana peut-il convertir ses progrès
conjoncturels en une croissance inclusive, ou risque-t-il de retomber dans
l’instabilité face aux pressions externes ? La réponse dépendra de sa capacité
à diversifier son économie, à investir dans l’éducation et l’innovation, et à
maintenir une discipline budgétaire rigoureuse.
En somme, le Ghana émerge progressivement de la
crise économique, porté par une inflation en recul, un cedi renforcé et un
excédent commercial historique. Mais cette reprise, bien que prometteuse, reste
vulnérable aux chocs externes et aux défis internes. Pour consolider ses
acquis, le pays devra accélérer les réformes structurelles et adopter une
vision stratégique, sous peine de voir ses progrès s’essouffler.
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