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  • 28/07/2025

Guinée équatoriale : Afreximbank mise sur le gaz pour financer un tournant stratégique à 4,5 milliards $

La Banque africaine d'import-export (Afreximbank) a été mandatée pour orchestrer la levée des fonds destinés au projet gazier EG-27 en Guinée équatoriale. Un projet titanesque de 4,5 milliards de dollars, porté par la compagnie nationale Sonagas, qui ambitionne de faire du pays un acteur clé du marché du gaz naturel liquéfié (GNL) en Afrique centrale.

 

Une première phase pour capitaliser sur le champ EBANO

 

Le projet EG-27 représente la phase initiale de l’exploitation du champ EBANO, riche de 3,8 billions de pieds cubes de gaz prouvés. À terme, l’infrastructure devrait capter 360 millions de pieds cubes standard par jour de gaz naturel, pour produire 7 055 tonnes quotidiennes de GNL, soit environ 2,4 millions de tonnes par an, pendant vingt ans.

 

Pour la Guinée équatoriale, il ne s'agit pas simplement de produire du gaz : EG-27 s’inscrit dans une dynamique de diversification économique, visant à rompre avec la dépendance au pétrole brut et à stimuler l’industrialisation nationale.

 

« Le projet a été conçu stratégiquement pour monétiser les ressources en gaz naturel de la Guinée équatoriale et promouvoir l’industrialisation », indique le communiqué officiel.

 

Afreximbank : bras financier d’un tournant industriel

 

Le choix de confier le conseil financier du projet à Afreximbank reflète la volonté de s’appuyer sur un acteur panafricain habitué aux montages complexes. Son département Conseil et marchés de capitaux (ACMA) devra mobiliser un panier d’investisseurs privés, institutionnels et multilatéraux, en misant sur sa capacité de structuration financière et ses connexions stratégiques.

 

« Ce mandat de conseil affirme le rôle d’Afreximbank dans le déblocage des chaînes de valeur énergétiques de l’Afrique », souligne la Banque, qui évoque son engagement à « soutenir des solutions énergétiques durables, créatrices d’emplois et stimulant les exportations ».

 

L’institution, forte de plus de 40 milliards de dollars d’actifs à fin 2024, entend ainsi consolider son rôle de pilier du financement des infrastructures à fort impact économique sur le continent.

 

Sonagas veut ancrer la souveraineté énergétique

 

Créée pour piloter la stratégie gazière du pays, Sonagas s’appuie sur le projet EG-27 comme levier de souveraineté énergétique. En valorisant ses réserves domestiques, la Guinée équatoriale ambitionne de booster ses recettes, mais surtout de développer une chaîne de valeur locale autour du gaz – avec, à terme, des retombées en matière d’emplois, d’industrie et de commerce régional.

 

Cette orientation marque une inflexion stratégique pour un pays encore tributaire des hydrocarbures traditionnels. Toutefois, des défis persistent : la dépendance au marché mondial du GNL, la pression climatique et la volatilité des investissements dans le secteur énergétique imposent une exécution rigoureuse et des partenariats solides.

 

Un projet aligné sur la vision panafricaine

 

Le développement du complexe EG-27 s’insère dans la dynamique continentale de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Afreximbank, qui soutient activement l’initiative via un fonds d’ajustement de 10 milliards de dollars et la plateforme de paiement PAPSS, voit dans ce projet un exemple concret de synergie entre ressources naturelles, industrialisation locale et intégration régionale.

 

L’objectif est clair : extraire, transformer et échanger au sein du continent, plutôt que d’exporter uniquement à l’état brut.

 

En chiffres

 

-       Montant total du projet : 4,5 milliards $

 

-       Production prévue : 2,4 millions de tonnes/an de GNL

 

-       Durée d’exploitation : 20 ans

 

-       Réserves prouvées du champ EBANO : 3,8 billions de pieds cubes

 

-       Capacité journalière : 7 055 tonnes de GNL

 

-       Conseiller financier : Afreximbank (via ACMA)

 

-       Entreprise porteuse : Sonagas (Guinée équatoriale)

 

En guise de perspective

 

Avec EG-27, la Guinée équatoriale amorce une mue stratégique, portée par la volonté de transformer sa richesse naturelle en moteur industriel. Si les ambitions sont solides, la concrétisation dépendra des choix technologiques, des délais de mise en œuvre et du climat d’investissement international.

 

Afreximbank, en pilote du financement, joue ici une partition à haut risque, mais à fort potentiel de transformation continentale.