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  • 28/07/2025

Zambie : 184 millions de dollars du FMI pour garder le cap malgré une dette sous tension

Malgré les séquelles d’une sécheresse historique et un contexte économique encore fragile, la Zambie vient de recevoir un nouveau feu vert du Fonds monétaire international (FMI). L'institution a validé la cinquième revue de son programme d'aide financière, débloquant ainsi un décaissement immédiat de 184 millions de dollars. Ce soutien s’inscrit dans le cadre d’une Facilité élargie de crédit (FEC) étalée sur 38 mois, destinée à stabiliser les finances publiques et relancer une croissance inclusive.

 

Résilience malgré les secousses

 

La Zambie, frappée en 2024 par une sécheresse aux conséquences sévères sur l’agriculture et l’approvisionnement en électricité, montre des signes de redressement. La croissance du PIB est estimée à 4% cette année, tirée par les secteurs minier et des services. Pour 2025, elle pourrait atteindre 5,8%, portée par la reprise agricole et une dynamique soutenue dans les secteurs productifs.

 

« Les politiques économiques ont contribué à stabiliser l'économie zambienne, qui s'est révélée plus résiliente que prévu », a salué Gita Gopinath, directrice générale adjointe du FMI. Elle s’est également félicitée du ralentissement progressif de l’inflation, attendue à 11% d’ici fin 2025, grâce à une politique monétaire rigoureuse et une meilleure gestion des réserves de change.

 

Des objectifs atteints, mais des retards persistants

 

Le FMI a jugé la performance du programme globalement satisfaisante. Tous les critères de performance à fin décembre 2024 ont été remplis, de même que la majorité des objectifs indicatifs au 31 mars 2025. Quelques faiblesses persistent cependant : les recettes fiscales hors secteur minier, l’apurement des arriérés et l’accumulation de réserves n’ont pas atteint leurs cibles.

 

En matière de réformes structurelles, le tableau est mitigé. Sur 14 mesures prévues, six ont été mises en œuvre dans les délais, quatre finalisées en retard, et les quatre dernières – notamment celles liées à la gouvernance de la dette et au secteur financier – ont été repoussées à la prochaine revue.

 

La dette : toujours le talon d’Achille

 

Si le FMI estime aujourd’hui que la dette publique de la Zambie est soutenable, le pays reste exposé à un « risque élevé de surendettement », tant interne qu’externe. Le gouvernement zambien a conclu des accords de principe avec la majorité de ses créanciers commerciaux, mais les discussions bilatérales officielles restent en cours. L’objectif est de respecter les engagements du programme tout en assurant une comparabilité de traitement entre tous les créanciers.

 

Gita Gopinath l’a rappelé : « La trajectoire budgétaire envisagée contribuera à rétablir la viabilité des finances publiques et de la dette. Mais cela nécessite des progrès concrets dans la mobilisation des recettes et la transparence des dépenses ».

 

Réformes, gouvernance et climat des affaires

 

Le FMI insiste sur l’urgence de réformes plus profondes. Pour asseoir une croissance durable, la Zambie devra continuer à renforcer sa gouvernance, améliorer la transparence dans la gestion de l’énergie, lutter plus activement contre la corruption, et relancer les réformes agricoles. Ces chantiers sont essentiels pour créer un environnement propice au secteur privé et stimuler la diversification économique.

 

Dans ce contexte, la Banque de Zambie est invitée à maintenir ses efforts pour ancrer l’inflation dans une trajectoire descendante et renforcer la crédibilité de son régime de ciblage.

 

Cap sur 2025… sous surveillance

 

Les perspectives économiques de la Zambie s’éclaircissent, mais restent soumises à de fortes incertitudes. La trajectoire de croissance envisagée repose sur une exécution stricte des réformes, la maîtrise budgétaire, et une montée en puissance des investissements, notamment miniers. Mais au moindre dérapage, les équilibres pourraient de nouveau vaciller.

 

En clair, la Zambie avance, mais sur une corde raide. Le soutien du FMI est là, mais il est assorti d’une feuille de route exigeante. La moindre erreur de pilotage pourrait faire dérailler une relance encore fragile.