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  • 28/07/2025

Gambie-Afreximbank : 75 millions de dollars pour moderniser un réseau routier vital

Dans un contexte où les petits États africains cherchent désespérément à financer leur développement sans aggraver leur endettement, la Gambie vient de décrocher un coup de pouce financier innovant. Le 23 juillet à Abuja, Afreximbank a signé un accord de swap de devises de 75 millions de dollars sur cinq ans avec la Banque centrale gambienne. Ce mécanisme financier, encore peu répandu sur le continent, ouvre la voie à la rénovation et à la construction de routes cruciales pour l’économie du pays.

 

Cette opération consiste à échanger des dollars contre de la monnaie locale. Afreximbank achètera ainsi des obligations émises par la National Roads Authority (NRA), l’agence chargée de l’entretien et du développement des infrastructures routières gambiennes. Ces titres permettront de débloquer des ressources en monnaie locale, indispensables pour financer des projets stratégiques sans peser sur les réserves de change limitées du pays.

 

« Grâce à ce mécanisme, Afreximbank mobilise des financements en faveur de l’Afrique », souligne Haytham Elmaayergi, vice-président exécutif de Global Trade Bank d’Afreximbank. « Pour la Gambie, c’est une bouffée d’oxygène à un moment charnière de son développement. »

 

Une urgence infrastructurelle pour désenclaver l’économie gambienne

 

La Gambie, pays enclavé d’environ 2 millions d’habitants avec un PIB estimé à moins de 2 milliards de dollars, dépend fortement d’un réseau routier fonctionnel pour relier ses zones agricoles aux centres urbains et marchés régionaux. Pourtant, la vétusté des routes limite la productivité, freine le commerce et accroît les coûts logistiques.

 

Cet accord vise à réhabiliter et construire des routes rurales et urbaines, ce qui facilitera la circulation des biens, réduira les temps de trajet et renforcera la sécurité routière.

 

« Cette initiative améliorera la circulation des biens et des services, réduira les délais de transport et la sécurité routière », détaille Elmaayergi.

 

Le gouverneur de la Banque centrale de Gambie, Buah Saidy, insiste sur l’importance de ce financement pour concrétiser la vision du président Adama Barrow, qui souhaite faire du réseau routier un levier clé du développement économique.

 

« Cet échange permettra à la NRA de construire de nombreuses routes supplémentaires, facilitant les déplacements et la vie quotidienne des Gambiens », explique-t-il. Il rappelle aussi que le financement vient lever des contraintes structurelles qui freinent l’émergence économique du pays.

 

Un instrument financier adapté aux défis africains

 

Les swaps de devises représentent un outil novateur, parfaitement adapté aux réalités africaines. Ils permettent de mobiliser des ressources locales tout en protégeant les réserves de change, souvent limitées dans les pays en développement. Ce type d’instrument financier, promu par Afreximbank, s’inscrit dans une stratégie plus large d’accompagnement des économies africaines vers plus d’autonomie financière.

 

Dans ce cadre, Oakwood Green Africa a joué un rôle clé en tant que conseiller transactionnel, assurant la bonne structuration de l’accord entre la Banque centrale et la NRA.

 

Un engagement panafricain renforcé

 

Cette signature s’inscrit dans un contexte plus large de coopération continentale, au cœur des 32e Assemblées annuelles d’Afreximbank (AAM2025) à Abuja. L’événement a rassemblé plus de 7 000 participants, dont chefs d’État et acteurs économiques africains.

 

À cette occasion, le Dr George Elombi a pris la présidence d’Afreximbank, succédant au professeur Benedict Oramah, qui aura piloté la banque durant dix années décisives.

 

Afreximbank reste un pilier incontournable du financement du développement africain. Parmi ses initiatives phares figurent le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) et un fonds d’ajustement de 10 milliards de dollars pour soutenir la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Avec plus de 40 milliards de dollars d’actifs à fin 2024, la banque bénéficie de notations internationales solides, témoignant de sa crédibilité.

 

Vers un modèle exportable de financement localisé

 

Au-delà de la Gambie, ce swap de devises illustre une tendance forte : l’adoption d’instruments financiers africains innovants, adaptés aux besoins spécifiques des économies locales. La question demeure désormais : ce modèle, qui libère des capitaux en monnaie locale tout en évitant le surendettement, sera-t-il repris dans d’autres pays africains ?

 

Cette opération marque une étape majeure dans la quête d’une Afrique plus connectée, productive et souveraine dans son financement. Pour la Gambie, c’est le début d’un chantier de modernisation qui pourrait transformer durablement son économie.