News
  • 28/07/2025

Guinée équatoriale–FMI : des réformes bien notées, mais la gouvernance reste sous surveillance

Le Fonds monétaire international (FMI) a validé, fin juin, les deux premières revues du programme de référence (PRS) signé avec la Guinée équatoriale, et en a prolongé la durée de douze mois. Ce programme, également appelé SMP (Staff-Monitored Program), permet au FMI de suivre la mise en œuvre de réformes économiques sans déboursement financier, mais sert souvent de tremplin vers un futur accord de financement.

 

Une approbation saluée comme un signal de confiance, même si l’environnement macroéconomique du pays reste fragile.

 

Une reprise économique timide

 

Après une forte contraction en 2023, la Guinée équatoriale a enregistré en 2024 une légère croissance de 0,9%, principalement portée par les secteurs non pétroliers (+1,3%). Mais cette embellie reste modeste, et les perspectives sont peu encourageantes : la production pétrolière, pilier de l’économie, chute de manière structurelle, pesant lourdement sur les recettes publiques, les équilibres extérieurs et les réserves de change.

 

Côté prix, l’inflation est repartie à la hausse, atteignant 3,4% en 2024 contre 2,5% en 2023, accentuant la pression sur les ménages dans un pays où les filets sociaux restent limités.

 

« L’environnement macroéconomique demeure difficile, notamment en raison du déclin continu de la production d’hydrocarbures », a souligné le Conseil d’administration du FMI.

 

Des réformes saluées par le FMI

 

Face à ces tensions, les autorités ont lancé en 2024 un important ajustement budgétaire, réduisant le déficit primaire hors hydrocarbures de 22,3% à 17% du PIB. Cette consolidation a permis une baisse du niveau d’endettement, passé de 39,1% à 36,4% du PIB.

 

Le gouvernement a aussi adopté des mesures de fond : nouvelle loi fiscale élargissant l’assiette, stratégie de réduction progressive des subventions aux carburants, audit des dépenses liées aux explosions de Bata, réformes douanières, et publication des contrats dans le secteur extractif.

 

Le système bancaire commence à montrer des signes de redressement, malgré une sous-capitalisation persistante : le ratio de fonds propres reste légèrement inférieur aux normes, mais en nette amélioration par rapport à 2022.

 

« Les politiques mises en œuvre ont permis de stabiliser la dette publique et de rétablir progressivement l’équilibre extérieur », indique le rapport des services du FMI.

 

Gouvernance : l’ombre au tableau

 

Malgré ces progrès, le dossier de la transparence reste délicat. Les autorités ont décidé de ne pas publier les déclarations de patrimoine des agents publics, pourtant un engagement clé du programme.

 

« De nombreux administrateurs ont exhorté les autorités à reconsidérer cette option », souligne le résumé du Conseil d’administration.

 

En guise d’alternative, le gouvernement prévoit de publier un rapport annuel sur les flux financiers dans les industries extractives, conformément aux normes de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Une mesure jugée positive, mais insuffisante par certains observateurs.

 

Le FMI insiste également sur l’adoption rapide d’une loi sur la protection sociale pour structurer de véritables filets de sécurité en faveur des populations vulnérables.

 

Objectif : réformer pour diversifier

 

Au-delà des réformes techniques, l’objectif affiché est de préparer l’après-pétrole, en misant sur une croissance diversifiée, inclusive et portée par le secteur privé.

 

Cela passe par :

 

-       une mobilisation accrue des recettes non pétrolières,

 

-       la maîtrise des dépenses publiques,

 

-       une réforme ambitieuse des dépenses sociales,

 

-       et une amélioration globale de l’environnement des affaires.

 

« Un climat économique prévisible, fondé sur une application fiable des lois, est indispensable pour attirer les investissements nationaux et étrangers », rappelle le FMI.

 

Et maintenant ?

 

Le prochain cycle de discussions entre la Guinée équatoriale et le FMI est prévu en 2026. D’ici là, les autorités devront accélérer le rythme des réformes, renforcer la transparence et prouver leur volonté politique.

 

Car au-delà des tableaux Excel, c’est la crédibilité institutionnelle du pays qui est scrutée, autant par les bailleurs que par une population en attente de retombées concrètes.

 

En bref :

 

-       Croissance modeste (0,9%), pressions inflationnistes en hausse.

 

-       Déclin structurel de la production pétrolière et chute des recettes.

 

-       Réformes fiscales et budgétaires saluées par le FMI.

 

-       Déficit de gouvernance toujours préoccupant.

 

-       Objectif : diversification économique et meilleure inclusion sociale.