"L’Afrique ne peut plus être un marché d’appoint. Elle exige une vision, une ambition, une éthique." — Mamadou Soumahoro
Alors que Société Générale se retire
progressivement du continent africain, qu’elle avait pourtant contribué à
bancariser depuis des décennies, l’établissement bancaire français est
aujourd’hui secoué en métropole par une enquête judiciaire pour blanchiment
d’argent et fraude fiscale. Ce double contexte soulève des interrogations sur
les véritables raisons de ce retrait et ses implications pour les économies
africaines. Décryptage sans concession avec Mamadou Soumahoro, expert bancaire
et spécialiste du financement structuré.
Un désengagement dicté par la rentabilité ?
Jean-Marc Gogbeu : Pour commencer, quels sont, selon vous, les facteurs principaux qui
poussent Société Générale à se retirer progressivement d’un marché africain où
elle était pourtant bien implantée ?
Mamadou Soumahoro : Le retrait de Société Générale est d’abord un choix stratégique. Le
groupe veut recentrer ses activités sur ses zones historiques de rentabilité,
notamment l’Europe de l’Ouest. L’Afrique, malgré son dynamisme, reste un marché
perçu comme risqué, avec une faible bancarisation, des contraintes
réglementaires fortes et une rentabilité à long terme. Il s’agit aussi d’une
volonté de se délester d’actifs jugés non stratégiques dans le cadre d’une
simplification globale.
Résultats en baisse et simplification du
portefeuille
JMG : Le
ralentissement des résultats en Afrique peut-il expliquer ce retrait, ou
faut-il y voir une stratégie plus globale ?
MS : Les deux
sont liés. En Afrique, certaines filiales ont vu leur croissance ralentir, avec
une hausse du coût du risque. Le plan "Vision 2025" de la Société
Générale vise justement à se concentrer sur des marchés plus rentables et à
renforcer la solidité financière en réduisant les expositions périphériques.
Des marchés africains aux profils hétérogènes
JMG : Les
cessions n’ont pas concerné tous les pays. Quels sont les freins spécifiques à
certains marchés ?
MS : Chaque
marché a ses propres complexités. En Côte d’Ivoire, la concurrence est féroce.
Au Sénégal, la réglementation sur les capitaux est très stricte. En RDC ou au
Cameroun, les risques politiques ralentissent les transactions. Il faut
composer avec les autorités locales pour assurer des transitions responsables.
L’ombre de l’enquête judiciaire en France
JMG : La Société
Générale est aussi visée par une enquête pour blanchiment d’argent et fraude
fiscale. Ce scandale a-t-il influencé son retrait d’Afrique ?
MS : Même si les
dirigeants s’en défendent, l’impact est évident. Une banque fragilisée par un
scandale judiciaire cherche à minimiser les risques de réputation. Or, certains
marchés africains sont plus exposés aux zones grises de conformité. C’est un
facteur aggravant dans la décision de retrait.
Réputation écornée, impact démultiplié en Afrique
JMG : Une telle
affaire peut-elle affecter la perception du groupe en Afrique ?
MS : Totalement.
En Afrique, la relation de confiance est capitale. La moindre suspicion peut
faire fuir les clients, surtout institutionnels. Une réputation entachée en
Europe peut avoir des effets dévastateurs dans un environnement bancaire
africain très sensible.
Gouvernance et conformité : le grand nettoyage ?
JMG : Quelles
conséquences institutionnelles pour la banque sur le plan de la gouvernance ?
MS : Pression
maximale sur la conformité. Renforcement des équipes KYC, centralisation des
risques, audit interne renforcé… C’est tout l’appareil de gouvernance qui doit
être revu, notamment pour rassurer les régulateurs et les marchés.
Conséquences pour les économies locales
JMG : Ce retrait
aura-t-il des effets économiques tangibles dans les pays concernés ?
MS : Oui. Dans
certains pays, Société Générale était un acteur majeur, notamment pour le
financement structuré ou le leasing. Cela laissera un vide. Mais cela ouvre
aussi une fenêtre d’opportunité pour les banques africaines prêtes à monter en
gamme.
Une opportunité de souveraineté financière ?
JMG : Le
transfert des filiales à des groupes locaux est-il une chance pour les banques
africaines ?
MS : Absolument.
Cela permettrait de renforcer la souveraineté bancaire, à condition que les
repreneurs maintiennent un haut niveau de service et de gouvernance. Des
groupes comme Vista Bank, Coris Bank ou d’autres sont bien positionnés pour
relever le défi.
Fuite en avant ou repositionnement stratégique ?
JMG : Finalement,
ce désengagement traduit-il une vision ou une fuite ?
MS : Pour moi,
c’est une réponse à un besoin de survie dans un monde bancaire en mutation. Ce
n’est ni une fuite, ni un simple repositionnement. C’est une mue nécessaire
pour rester compétitif face à la pression des fintechs, des régulateurs et des
attentes sociétales.
Encadré :
Ce que les autres banques doivent retenir
"La leçon pour les banques internationales
en Afrique, c’est qu’il faut plus que jamais une stratégie claire, des
dispositifs de conformité solides et une volonté sincère d’investir dans
l’avenir du continent."
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