Le gouvernement ivoirien vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt destiné à sélectionner 100 petites et moyennes entreprises industrielles dans le cadre du programme DAICE. L’initiative vise à offrir un accompagnement structuré à des entreprises locales désireuses d’améliorer leur compétitivité à travers la transition énergétique, l’adoption de technologies vertes et la transformation numérique.
Un levier pour une industrialisation durable
Le programme DAICE, pour Diversification,
Accélération Industrielle, Compétitivité et Emplois, s’inscrit dans le Plan
National de Développement (PND 2021-2025) de la Côte d’Ivoire. Il est mis en
œuvre par Côte d’Ivoire PME, structure publique d’appui au développement
entrepreneurial. À travers cette initiative, les autorités entendent soutenir
des PME capables de produire de manière plus propre, de réduire leur empreinte
énergétique et d’intégrer des outils numériques dans leur processus de
production.
Ce programme répond à une nécessité stratégique. Dans un contexte de transition écologique mondiale et d’exigences croissantes en matière de compétitivité, l’industrie ivoirienne est appelée à se réinventer. La modernisation de l’appareil productif est désormais considérée comme une condition incontournable de la croissance inclusive.
Un appel à candidatures ouvert jusqu’au 17 juillet
L’appel à manifestation d’intérêt, accessible via
la plateforme KoboToolbox, cible les PME formellement établies en Côte
d’Ivoire. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 17 juillet 2025 pour
soumettre leur dossier en ligne. Le lien du formulaire a été diffusé par Côte
d’Ivoire PME via ses canaux officiels.
Pour être éligibles, les entreprises doivent
évoluer dans un secteur industriel prioritaire, afficher un chiffre d’affaires
inférieur ou égal à 5 milliards FCFA, et être dirigées par une personne majeure
résidant en Côte d’Ivoire. Les coopératives ou associations formalisées sont
également concernées.
Outre les critères administratifs, les dossiers
seront évalués selon des indicateurs qualitatifs : potentiel d’innovation,
impact social, pertinence environnementale ou encore capacité à croître
durablement.
Trois axes d’accompagnement pour transformer les pratiques
Le dispositif d’accompagnement est structuré
autour de trois axes stratégiques. Il s’agit d’abord de la transition
énergétique, avec un accent sur l’optimisation des consommations et le recours
à des sources d’énergie renouvelables. Ensuite, les entreprises bénéficieront
de conseils pour l’intégration de technologies vertes, afin de réduire leur
impact environnemental. Enfin, un volet dédié à la transformation numérique
prévoit un appui à la digitalisation des processus de gestion, à la
sécurisation des données et à la mise en réseau.
Selon la fiche officielle du programme publiée
par Côte d’Ivoire PME, les entreprises retenues bénéficieront de diagnostics
techniques, de formations ciblées et, dans certains cas, d’un appui à l’accès
au financement.
Un contexte favorable mais des attentes élevées
Ce programme intervient alors que de nombreuses
PME industrielles en Côte d’Ivoire peinent à franchir un cap technologique. Le
coût élevé de l’énergie, l’obsolescence des équipements, une faible culture
numérique et des difficultés d’accès au crédit freinent leur développement.
Une étude de la Banque africaine de
développement, publiée en 2023, révélait que près de 70% des PME industrielles
d’Afrique de l’Ouest ne disposent pas des capacités internes nécessaires pour
engager une transformation numérique effective. Le programme DAICE vise
précisément à combler cette lacune, en dotant les PME de compétences et
d’outils adaptés à leur réalité.
Une politique qui s’inscrit dans une dynamique continentale
La Côte d’Ivoire suit ainsi la voie de plusieurs
pays africains – Maroc, Rwanda, Afrique du Sud – qui ont lancé des stratégies
industrielles combinant productivité, innovation et durabilité. Le pari est
clair : accroître la valeur ajoutée locale sans sacrifier les impératifs
environnementaux.
Dans un communiqué publié début 2025 sur le site
de Côte d’Ivoire PME, le directeur général Emmanuel Essis affirmait : « Notre
priorité est d’offrir aux PME des outils pour créer davantage de valeur,
d’emplois et d’impact positif sur leur environnement. »
Cet appel à manifestation d’intérêt constitue une
première étape. Selon les porteurs du projet, d’autres cohortes ciblant des
filières spécifiques comme l’agro-industrie, le recyclage ou le textile
pourraient suivre dans les prochains mois.
Avec DAICE, l’État ivoirien souhaite créer un
effet d’entraînement au sein de l’écosystème industriel. L’enjeu dépasse la
simple sélection de 100 PME : il s’agit de démontrer qu’une autre manière de
produire, plus verte et plus efficace, est possible et souhaitable. Reste
désormais à suivre la mise en œuvre effective de l’accompagnement promis,
condition indispensable pour transformer cette ambition en réalité économique.
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