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  • 28/10/2025

Kaishan investit 842 millions de dollars au Kenya : Le pari sino-africain de l’engrais vert

Un projet vert, ambitieux et stratégique

 

Le groupe chinois Kaishan Group Co., Ltd., coté à la Bourse de Shenzhen (code 300257), vient d’annoncer un investissement colossal de 6,0 milliards de yuans — soit environ 842,34 millions de dollars américains — dans un projet d’engrais vert et d’énergie géothermique au Kenya.
L’information, confirmée par Reuters et relayée sur TradingView et MarketScreener, marque une nouvelle étape dans l’expansion du géant chinois de la géothermie sur le continent africain.

 

Selon les documents publiés, cet investissement sera réalisé par une filiale kényane de Kaishan. Le projet, encore en phase de structuration, combine deux piliers stratégiques : la production d’énergie géothermique et la fabrication d’ammoniac vert, composant de base pour des engrais durables.

 

La géothermie, moteur de l’industrie verte

 

Ce projet s’appuie sur la géothermie du champ de Menengai, l’un des plus prometteurs du Kenya. La filiale locale OrPower 22 Ltd, détenue par Kaishan, y développe déjà une centrale de 35 MW, dont la cérémonie de pose de la première pierre s’est tenue en octobre 2024, selon le site spécialisé ThinkGeoEnergy.

La Kenya Electricity Generating Company (KenGen), producteur public d’électricité, a signé un accord avec Kaishan pour la vente de vapeur géothermique. Cette vapeur alimentera la production d’ammoniac vert, un fertilisant fabriqué à partir d’hydrogène produit par électrolyse — une technologie qui permet de réduire drastiquement les émissions de CO₂.

 

Le site industriel de Menengai, qui deviendrait ainsi un hub de production énergétique et agricole, ambitionne de produire localement des engrais bas carbone. Cette initiative soutient à la fois la politique énergétique verte du Kenya et la stratégie chinoise de diplomatie économique durable.

 

Le Kenya, laboratoire africain de la transition énergétique

 

Le Kenya fait figure de pionnier africain dans le domaine de la géothermie. Le pays tire déjà près de 50% de son électricité de cette source renouvelable, selon KenGen.
Ce partenariat avec Kaishan s’inscrit dans la volonté de Nairobi d’attirer des investissements étrangers dans la transition verte, notamment dans l’agriculture et les énergies propres.

 

L’objectif est clair : réduire la dépendance aux engrais importés et faire du Kenya une plateforme régionale de fertilisants verts à destination de l’Afrique de l’Est.
Dans un contexte de flambée des prix des engrais, ce type de projet pourrait contribuer à renforcer la sécurité alimentaire et à soutenir la productivité agricole.

 

Kaishan, un acteur mondial de la géothermie

 

Basée à Hangzhou, Kaishan Group est aujourd’hui l’un des principaux fabricants chinois de compresseurs d’air et de turbines géothermiques.
L’entreprise, qui détient des filiales aux États-Unis, en Islande, en Indonésie et désormais en Afrique, a fait de la géothermie couplée à la production d’ammoniac vert un pilier de sa stratégie d’expansion internationale.

 

Le PDG du groupe, Liang Xianzhang, déclarait récemment :

« Nous croyons en la complémentarité entre énergie propre et agriculture durable. La géothermie est une ressource stable, locale et infinie. »

 

Une diplomatie économique chinoise à l’œuvre

 

Au-delà de la performance industrielle, ce projet illustre aussi la diplomatie économique verte de la Chine en Afrique. Pékin ne se limite plus aux infrastructures lourdes ; elle investit désormais dans des projets à forte valeur technologique et environnementale.

 

L’Afrique, riche en ressources naturelles et en potentiel renouvelable, attire ainsi une nouvelle vague d’investissements « verts » venus d’Asie.
Le Kenya, grâce à ses atouts géothermiques, devient un terrain d’expérimentation majeur pour ce nouveau modèle de coopération sino-africaine : un partenariat qui lie énergie, agriculture et durabilité.

 

Perspectives

 

Le montant annoncé — 842 millions de dollars — place ce projet parmi les plus gros investissements chinois récents en Afrique de l’Est. Mais il faut rester prudent : l’investissement est annoncé, pas encore entièrement décaissé. Les modalités de financement, la participation d’éventuels partenaires publics kényans, et la date de mise en service restent à préciser.

 

S’il se concrétise, ce projet pourrait transformer le paysage agricole et énergétique du Kenya, tout en offrant un modèle reproductible pour d’autres pays africains en quête d’indépendance énergétique et alimentaire.

 

En résumé, Kaishan mise sur une équation ambitieuse : énergie propre + agriculture durable = souveraineté africaine.

Et si ce pari réussit, il pourrait bien redéfinir la place de la Chine dans la transition verte du continent.