News
  • 22/07/2025

Marché régional : Le Togo honore ses engagements sur le Sukuk 2016–2026

Le 17 août 2025, l’État togolais procédera au versement des profits semestriels et au remboursement partiel du capital de son Sukuk émis en 2016. Une opération financière d’apparence technique, mais qui illustre la montée en puissance d’un modèle alternatif de financement dans la sous-région : la finance islamique.

 

Un rendez-vous programmé avec les marchés

 

Dans un communiqué daté du 21 juillet, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a annoncé que l’emprunt SUKUK ÉTAT DU TOGO 6,5% 2016-2026, référencé SUKTG.S1, arrivera à échéance partielle le 17 août 2025. À cette date, les investisseurs recevront non seulement leur profit semestriel, mais également une fraction du capital qu’ils avaient investi à l’origine.

 

Cette opération s’inscrit dans le calendrier contractuel de ce titre émis en 2016 pour un montant total de 150 milliards FCFA, destiné au financement de projets d’infrastructure publique. Le Sukuk togolais est structuré de manière à offrir un rendement annuel fixe de 6,5%, versé tous les six mois, avec un remboursement progressif du capital sur dix ans, jusqu’en 2026.

 

Un produit structuré selon les principes de la charia

 

Le Sukuk, souvent qualifié d’« obligation islamique », est un instrument de financement conforme aux règles de la finance islamique. Contrairement aux obligations classiques, il ne verse pas d’intérêts – proscrits par la charia – mais des profits générés par des actifs réels. Il s’agit donc d’un investissement adossé à un projet tangible, et non d’un simple prêt rémunéré.

 

Ce mécanisme s’appuie généralement sur une structure appelée Ijara, où l’émetteur (en l’occurrence l’État togolais) vend un droit d’usage sur un bien ou une infrastructure à un véhicule financier, qui le loue ensuite à l’État lui-même. Les recettes générées par cette location sont ensuite redistribuées aux détenteurs du Sukuk sous forme de profits.

 

Une opération strictement encadrée

 

Pour les investisseurs, la date du 17 août 2025 marque donc un versement important. Mais pour en bénéficier, encore faut-il détenir les titres avant une date clé : le 12 août 2025. Passée cette échéance, le Sukuk est coté ex-marge de profits, c’est-à-dire sans droit au paiement à venir.

 

Cette règle de cotation, commune à tous les titres à revenu fixe, vise à éviter les achats spéculatifs de dernière minute par des acteurs cherchant uniquement à toucher les bénéfices sans engagement sur la durée.

 

Une dynamique régionale portée par la BRVM

 

L’opération togolaise n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de diversification des instruments financiers sur les marchés ouest-africains. Depuis plusieurs années, la BRVM accompagne les États membres de l’UEMOA dans l’émission de Sukuk, en lien avec la Banque Islamique de Développement (BID) et ses filiales, dont la Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé (ICD).

 

Outre le Togo, des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou encore le Mali ont levé plusieurs centaines de milliards de francs CFA via ces instruments depuis 2014. Selon un rapport de l’ICD, le marché mondial de la finance islamique représentait 2 700 milliards de dollars en 2022, avec une progression marquée sur le continent africain.

 

Une gestion prudente et un signal de confiance

 

Du point de vue des marchés, le respect du calendrier de remboursement constitue un signal fort. En honorant ses engagements, l’État togolais renforce sa crédibilité financière et soutient l’attractivité de la place régionale. La structuration en remboursement partiel permet également de lisser la charge de la dette publique, dans un contexte régional où les marges budgétaires sont sous pression.

 

Ce Sukuk, émis pour financer des projets structurants dans les domaines des infrastructures, de la santé ou de l’éducation, s’inscrit dans une stratégie prudente d’accès aux financements alternatifs. Il offre une solution compétitive par rapport aux marchés de dette classiques ou aux financements multilatéraux traditionnels.

 

Des informations pratiques à disposition

 

Les investisseurs souhaitant des informations complémentaires peuvent s’adresser à SGI TOGO, l’intermédiaire agréé chargé de l’opération. Basée à Lomé, cette société de gestion et d’intermédiation assure le lien entre l’État et les porteurs de titres. Ses coordonnées sont disponibles sur le site officiel www.sgitogo.tg.

 

Un avenir prometteur pour la finance islamique en Afrique

 

Si elle reste encore marginale par rapport à la dette classique, la finance islamique séduit de plus en plus d’États africains soucieux de diversifier leurs partenaires et d’attirer des investisseurs issus du monde musulman. Le succès du Sukuk togolais, dont les échéances sont respectées à ce jour, participe à l’ancrage de cette dynamique.

 

« Le Sukuk est devenu une solution de financement crédible et compétitive pour les États africains, en particulier ceux qui cherchent à diversifier leurs sources de capitaux sans accroître leur dépendance aux institutions de Bretton Woods », analysait en 2023 Dr. Abdelilah Belatik, Secrétaire général du Conseil général des banques et institutions financières islamiques (CIBAFI).

 

À retenir

 

Échéance financière : le Togo versera le 17 août 2025 les profits semestriels et une part du capital de son Sukuk 2016-2026.

 

Structure islamique : l’instrument est conforme à la charia, sans intérêts, et adossé à des actifs réels.

 

Date limite : seuls les investisseurs enregistrés avant le 12 août recevront les paiements.

 

Portée régionale : ce Sukuk s’inscrit dans une dynamique plus large de montée en puissance de la finance islamique en Afrique de l’Ouest.