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  • 14/10/2025

Nigéria : Croissance solide, mais la vie des citoyens reste fragile

Le Nigéria affiche des signes encourageants de stabilisation économique, mais la croissance reste encore loin de se traduire par une amélioration tangible du quotidien des citoyens. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, « De la politique aux citoyens : faire fructifier les acquis de la réforme », l’économie nigériane a progressé de 3,9% au premier semestre 2025, contre 3,5% à la même période en 2024. Ce rebond est porté par les services, l’industrie non pétrolière, l’agriculture et une production pétrolière en hausse.

 

La position extérieure du pays s’est également renforcée. Les réserves de change dépassent désormais 42 milliards de dollars, tandis que le compte courant affiche un excédent de 6,1% du PIB, soutenu par des exportations non pétrolières plus élevées et des importations pétrolières réduites. Sur le plan budgétaire, le déficit fédéral devrait rester contenu à 2,6% du PIB, et la dette publique recule pour la première fois depuis plus de dix ans, passant de 42,9 à 39,8% du PIB.

 

Pourtant, ces succès macroéconomiques peinent à améliorer la vie quotidienne des Nigérians. L’inflation alimentaire reste particulièrement préoccupante : entre 2019 et 2024, le coût d’un panier alimentaire de base a quintuplé, alors que certains ménages consacrent jusqu’à 70% de leurs revenus à se nourrir. « Le véritable indicateur de succès résidera dans l’amélioration de la vie quotidienne des Nigérians, en particulier des populations pauvres et vulnérables », avertit Mathew Verghis, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Nigéria.

 

Pour combler cet écart entre stabilité macroéconomique et bien-être des citoyens, la Banque mondiale identifie trois priorités. D’abord, lutter contre l’inflation alimentaire en assouplissant les barrières commerciales et en renforçant les infrastructures liées à l’agriculture et à la logistique. Ensuite, améliorer l’efficacité des dépenses publiques via une transparence accrue et une discipline budgétaire stricte, en particulier pour les investissements dans le capital humain. Enfin, élargir la protection sociale en instaurant des transferts monétaires réguliers et un filet de sécurité réactif pour soutenir les ménages vulnérables en période de crise.

 

Les perspectives économiques restent prudemment optimistes. La croissance devrait atteindre 4,4% d’ici 2027, soutenue par les services, l’agriculture et les industries non pétrolières. L’inflation pourrait diminuer, mais elle restera élevée sans réformes structurelles soutenues. « La hausse des prix alimentaires reste la plus lourde taxe sur les pauvres », souligne Samer Matta, économiste principal pour le Nigéria à la Banque mondiale.

 

En somme, le Nigéria avance, mais la transformation des réformes économiques en progrès concret pour les citoyens reste le véritable défi. La stabilité macroéconomique n’est qu’une étape : le prochain défi sera de la traduire en amélioration tangible du quotidien de tous.