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  • 14/10/2025

Or à 5 000 $ : Une aubaine pour l’Afrique… à condition d’en maîtriser les enjeux

Le 13 octobre 2025, Bank of America a relevé sa prévision pour le prix de l’or à 5 000 dollars l’once d’ici 2026, contre 4 000 dollars précédemment, citant une demande accrue des investisseurs pour des actifs refuges en raison des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ainsi que des anticipations de baisses de taux d’intérêt aux États-Unis.

 

Cette projection a des répercussions directes sur les pays africains producteurs d’or, qui pourraient voir leurs revenus augmenter de manière significative. Cependant, cette opportunité s’accompagne de défis majeurs en termes de gouvernance, de diversification économique et de gestion des ressources.

 

Ghana : un levier pour l’économie

 

En 2024, le Ghana a exporté pour 11,6 milliards de dollars d’or, représentant 57% de ses recettes d’exportation et contribuant à un excédent commercial record de 4,9 milliards de dollars. Une hausse du prix de l’or renforcerait ces indicateurs, offrant au pays une marge de manœuvre pour investir dans les infrastructures et les services publics. Toutefois, la dépendance à l’or expose le Ghana aux fluctuations du marché mondial, soulignant la nécessité d’une stratégie de diversification économique.

 

Afrique du Sud : entre héritage et défis

 

L’Afrique du Sud, autrefois leader mondial de la production d’or, a vu sa part de marché chuter à environ 3% en 2024. En 2024, sa production s’est élevée à 100 000 kg, contre plus de 600 000 kg en 1993. Bien que la hausse du prix de l’or puisse soutenir le secteur minier en difficulté, le pays doit relever des défis structurels, tels que l’obsolescence des infrastructures et la nécessité de moderniser les pratiques minières.

 

Mali : une manne à gérer avec prudence

 

Le Mali, premier producteur d’or en Afrique de l’Ouest, a produit 70 000 kg d’or en 2024, en hausse par rapport à 67 000 kg en 2023. L’or représente environ 72% de ses exportations. Une augmentation du prix de l’or pourrait accroître les recettes fiscales, comme en 2024, où les revenus de l’État en provenance des sociétés minières ont augmenté de 52,5% grâce à une collecte fiscale renforcée. Toutefois, la volatilité des prix et les tensions sociales liées à la gestion des ressources imposent une vigilance accrue.

 

Tanzanie et Côte d’Ivoire : émergents prometteurs

 

La Tanzanie a produit 60 000 kg d’or en 2024, en hausse par rapport à 55 000 kg en 2023. Le secteur minier représente une part croissante de son produit intérieur brut, soutenu par des réformes favorables aux investissements.

 

En Côte d’Ivoire, la production d’or a atteint 58 000 kg en 2024, avec des prévisions de 62 000 kg en 2025. Le pays cherche à formaliser son secteur minier informel, soutenu par des partenariats avec la Banque mondiale et le World Gold Council. Une hausse du prix de l’or pourrait stimuler davantage ces économies, à condition de renforcer les capacités institutionnelles et de garantir une gestion transparente des ressources.

 

Une opportunité à double tranchant

 

La prévision de Bank of America représente une opportunité significative pour les pays africains producteurs d’or. Cependant, pour en maximiser les bénéfices, il est impératif de :

  • Diversifier les économies pour réduire la dépendance aux matières premières.
  • Renforcer la gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources naturelles.
  • Investir dans les infrastructures pour soutenir le développement durable.
  • Promouvoir des politiques sociales pour assurer une répartition équitable des revenus.

 

Sans ces mesures, l’Afrique risque de voir cette aubaine se transformer en malédiction, comme cela a été le cas par le passé avec d’autres ressources naturelles.

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