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  • 10/09/2025

Pretoria en mission à Washington : Tenter de sauver un atout commercial vital

Alors que Washington frappe les exportations sud-africaines d’un tarif brutal de 30%, Pretoria déploie ses meilleurs émissaires pour désamorcer la crise. Mais au-delà des tensions, ce déplacement sur le sol américain s’inscrit dans la défense d’un partenariat économique de longue date et d’une relation commerciale multiforme.

 

Des échanges solides malgré la tempête

 

En 2024, le commerce bilatéral entre les deux pays représentait environ 26,2 milliards de dollars, dont 14,7 milliards d'importations en provenance d’Afrique du Sud, soit une hausse de 5,1% par rapport à 2023. Washington affiche un déficit commercial de 8,9 milliards de dollars, preuve d’un dynamisme réel du côté sud-africain.

 

L’Afrique du Sud demeure le premier exportateur selon AGOA en valeur ajoutée (GVA) parmi les pays bénéficiaires, participant à près de la moitié des produits importés par les États-Unis au titre de ce régime. En 2024, les exportations sud-africaines vers les États-Unis se sont élevées à 156,8 milliards de rands, soutenant économiquement plus de 576 000 Sud-Africains, parmi lesquels environ 250 000 y sont liés par AGOA.

 

Les secteurs stratégiques sous pression

 

Les exportations sud-africaines de voitures et pièces détachées vers les États-Unis dépassent les 2 milliards de dollars, et représentent 64% des exportations profitant d’AGOA en 2024. Pourtant, Washington envisage d’y imposer un tarif de 25%, mettant en péril ces flux stratégiques malgré leur caractère marginal sur le marché américain.

 

Sous la pression d’un double défi — tarifs américains élevés + concurrence concurrentielle — la filière sucrière, elle, est particulièrement vulnérable. Bien que le marché US ne représente que 5% des exportations de sucre, ce volume était privilégié pour son prix élevé. La filière, employant plus de 300 000 personnes, subit une pression immense, avec des réductions d’effectifs déjà envisagées.

 

Les nouvelles taxes risquent d’entraver la création ou la préservation de 30 000 emplois dans des secteurs essentiels comme l’agriculture et l’automobile.

 

Contexte international et diplomatique

 

Au-delà des échanges, la diplomatie peine : l’AGOA, pilier des relations commerciales, est sérieusement menacée. Les Etats-Unis imposent des tarifs allant jusqu’à 50% à plusieurs pays africains dont l’Afrique du Sud, ce qui pourrait en réalité signer la fin de ce programme.

 

La mission sud-africaine : enjeux et défis

 

Face à ces menaces, la délégation sud-africaine conduite par Cyril Ramaphosa joue gros :

  • Défendre la priorité de l’export de produits transformés plutôt que de matières premières brutes.
  • Négocier des exemptions ou ajustements tarifaires, notamment sur l’automobile et l’agroalimentaire.
  • Préserver l’accès au marché US, et sécuriser des usages critiques d’AGOA.

 

Perspectives : une issue à double tranchant

 

Cette mission est décisive. Si elle aboutit, elle permettra à l’Afrique du Sud de maintenir un lien commercial essentiel, tout en préservant des emplois dans des secteurs stratégiques. Sinon, elle pourrait précipiter une rupture difficile à combler et renforcer l’urgence d’un rééquilibrage géopolitique de ses échanges.

 

En somme, Pretoria débarque aux États-Unis pour négocier sans perdre la face : sauver les exportations auto et agro, protéger 30 000 emplois, et défendre son accès tarifaire via AGOA. Le terreau économique sud-africain est fragile — mais rester fort, c’est maintenir ces échanges vivants et stratégiques.