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  • 10/09/2025

Kenya : Quand la dette devient outil contre la faim

Le Kenya innove dans la gestion de sa dette. Le gouvernement prépare un mécanisme inédit de « dette contre sécurité alimentaire » pour un montant d’un milliard de dollars, une première mondiale. L’objectif est double : réduire le poids de la dette tout en finançant des programmes destinés à nourrir les populations vulnérables.

 

Inspiré des accords « dette contre nature » utilisés par d’autres pays pour protéger l’environnement, ce dispositif permettrait de remplacer des dettes coûteuses par un financement à moindre coût, à condition que les économies générées soient affectées à la sécurité alimentaire.

 

Le ministre des Finances, John Mbadi, a indiqué que des discussions sont en cours avec le Programme alimentaire mondial pour encadrer l’initiative. Selon le ministère, le ratio dette/PIB du Kenya atteignait 67,8% à la fin juin 2025, avec un tiers des recettes de l’État consacré aux seuls intérêts – l’un des ratios les plus élevés au monde.

 

Pour compléter cette stratégie, le Kenya prévoit également :

  • 500 millions de dollars via des obligations liées à la durabilité d’ici mars 2026 ;
  • Un prêt de 757 millions de dollars de la Banque mondiale, complété par un autre de 457 millions en juin ;
  • La titrisation et conversion d’un prêt ferroviaire de 5 milliards de dollars en yuan chinois, afin de réduire le coût global de la dette.

 

Les experts soulignent les avantages de ce type d’échange : réduction de la charge d’intérêts et financement direct de programmes sociaux. Mais ils rappellent la nécessité d’un suivi rigoureux des fonds réalloués à la sécurité alimentaire pour garantir l’efficacité du dispositif.

 

Des précédents existent : la Côte d’Ivoire a expérimenté un échange dette contre éducation l’an dernier, tandis que l’Équateur, le Belize ou le Gabon ont mis en place des accords « dette contre nature ». Avec ce mécanisme centré sur la sécurité alimentaire, le Kenya ouvre la voie à une nouvelle génération de financements sociaux pour les pays en développement.

 

En conjuguant gestion de la dette et enjeux sociaux, Nairobi tente un pari ambitieux : alléger la pression financière tout en apportant des bénéfices tangibles à sa population. Le succès de cette initiative pourrait inspirer d’autres nations confrontées à des défis similaires.