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  • 20/11/2025

Rwanda–Arsenal : Un divorce maîtrisé, un message stratégique

Le Rwanda tourne la page Arsenal. Pas dans la précipitation, pas dans le fracas, mais dans la méthode : le partenariat “Visit Rwanda x Arsenal”, vitrine touristique devenue cas d’école en marketing étatique, s’arrêtera en juin 2026, soit dans un peu plus de six mois. Une fin annoncée d’un commun accord, sobrement relayée par Kigali… mais qui ouvre un véritable chapitre géopolitico-économique dans la stratégie d’influence du pays.

 

Un bilan qui pèse lourd — et qui coûte cher

 

Lancé en 2018, le deal avait fait grand bruit : un office de tourisme africain s’affichant sur la manche d’un géant de Premier League. Pari risqué, pari gagné : +47% de recettes touristiques, 1,3 million de visiteurs en 2024, un Rwanda repositionné à grande vitesse sur les radars mondiaux, du trek des gorilles au Kwita Izina, devenu événement global.

 

Arsenal, de son côté, n’a jamais caché que ce partenariat répondait aussi à un enjeu financier majeur : l’apport de Visit Rwanda a soutenu le financement durable de la stratégie sportive du club.

 

Bref, chacun y a trouvé son compte.

 

Alors pourquoi arrêter ?

 

Officiellement : Kigali veut diversifier. Le Rwanda Development Board (RDB) assume une nouvelle trajectoire, plus large, plus multisport, plus “marchés émergents”. Et l’on sait que le Rwanda s’est déjà lié aux Rams de Los Angeles et au SoFi Stadium, actifs du groupe Kroenke, propriétaire d’Arsenal.

 

Dans les faits, plusieurs observateurs du football business soulignent un contexte plus lourd. Au Royaume-Uni comme ailleurs, Arsenal a été soumis à une pression médiatique et politique croissante : critiques sur l’image d’un pays présenté comme “autoritaire”, débats sur l’éthique des partenariats publics, polémiques récurrentes dans une partie de la presse britannique.
Les sources proches du dossier le disent sans fioritures : cette pression n’est pas le facteur unique, mais elle a compté dans la décision finale.

 

Résultat : plutôt qu’un renouvellement potentiellement coûteux et exposé, chacun a préféré une sortie propre, maîtrisée, sans clash.

 

Le Rwanda change de terrain — mais pas d’ambition

 

Le communiqué du RDB est limpide : Kigali veut désormais jouer dans une ligue plus étendue, sur des sports différents, avec une stratégie plus globale d’attractivité touristique et d’investissement.

 

Le pays ne lâche pas Arsenal pour autant : le partenariat reste pleinement en vigueur jusqu’en juin 2026, et les relations avec le groupe Kroenke demeurent actives.
Mais le message est clair : Visit Rwanda passe à un modèle multipolaire, plus moderne, plus calibré pour la prochaine décennie.

 

Ce qu’il faut retenir

 

  • Le partenariat se termine dans plus de six mois, pas immédiatement.
  • Les objectifs initiaux ont été dépassés.
  • Le Rwanda veut désormais d’autres sports, d’autres marchés, d’autres publics.
  • Arsenal, malgré les pressions externes, quitte la collaboration avec reconnaissance — et une manne financière qui aura contribué à sa stabilité sportive.
  • Kigali poursuit une stratégie d’influence à long terme, assumée, structurée, cohérente avec sa vision économique.