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  • 24/09/2025

SEIP : Une 8e édition placée sous le sceau de la pédagogie et de la responsabilité financière

La commune de Cocody a accueilli ce mardi l’ouverture de la huitième édition du Salon de l’Épargne, de l’Investissement et du Patrimoine (SEIP). Placée sous le thème de l’éducation financière et du renforcement de la culture de l’épargne en Côte d’Ivoire, cette rencontre a réuni acteurs institutionnels, partenaires financiers et décideurs publics autour d’un constat partagé : l’épargne demeure trop faible au regard du dynamisme économique du pays.

 

L’appel des collectivités : faire de l’épargne un réflexe citoyen

 

En ouvrant la cérémonie, le maire de Cocody, Jean-Marc Yacé, a rappelé que l’autonomie financière repose sur deux piliers : « Épargner et investir. Or, l’épargne demeure encore trop peu pratiquée par certains de nos concitoyens. Il est donc urgent de renforcer la pédagogie, la sensibilisation et la formation pour que chacun comprenne que l’épargne est le point de départ de toute autonomie financière. »

 

Il a invité les institutions financières à accompagner davantage les populations avec des solutions simples, accessibles et adaptées.

 

Un salon qui se réinvente

 

Pour Laeticia N’Cho-Traoré, Commissaire générale du Salon, cette édition marque un tournant. « Nous avons choisi de transformer ce salon en une véritable plateforme d’engagement concret. Ainsi, une charte pour une éducation financière durable et inclusive sera signée, assortie d’une plateforme publique de suivi des engagements pris. »

 

De nouveaux formats pédagogiques – masterclass, mini-conférences, bandes dessinées éducatives ou encore un outil numérique permettant de tester son profil d’investisseur – viennent enrichir cette édition.

 

Le message du parrain : inspirer par l’exemple

 

Le directeur général d’Ecobank Côte d’Ivoire, Paul-Harry Aithnard, parrain du salon, a illustré l’impact d’une culture de l’épargne en évoquant l’expérience kenyane des Chamas – groupes d’épargne informels qui mobilisent près de 2 000 milliards FCFA.
« Chaque franc épargné est une graine. Investir, c’est planter et arroser cette graine. Transmettre, c’est léguer l’arbre pour qu’il porte des fruits aux générations futures. »

 

Il a invité les participants à poser un acte concret à l’issue du salon : ouvrir un compte d’épargne, investir, souscrire une assurance ou planifier la transmission d’un patrimoine.

 

Le cadrage politique : l’épargne, une obligation sociale

 

Patron de la cérémonie, le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, Adama Kamara, a livré une allocution dense, ponctuée de chiffres interpellateurs. « L’épargne doit être considérée comme une obligation, au même titre que le règlement des factures d’eau ou d’électricité. Ne pas mettre de côté, c’est s’exposer à une vulnérabilité certaine à l’âge de la retraite. »

 

Le ministre a relevé que les institutions de retraite (CNPS et CGRAE) ne comptent qu’environ 750 000 cotisants actifs, un chiffre faible face à une économie aussi dynamique. Pourtant, l’encours global du système dépasse déjà 14 500 milliards FCFA.

 

Il a appelé à inclure davantage les travailleurs du secteur informel, qui représentent 85 à 90% de l’économie nationale, dans les mécanismes d’épargne et de retraite.

 

Banques, PME et agriculture au cœur des défis

 

Adama Kamara a par ailleurs exhorté les banques à proposer des taux d’intérêt plus compétitifs et à orienter l’épargne collectée vers le financement productif. « Si l’État est obligé de recourir massivement à l’endettement souverain, c’est bien parce que les conditions de financement offertes par le système bancaire local ne sont pas suffisamment attractives. »

 

Il a insisté sur la nécessité de faciliter l’accès au crédit pour les PME, moteur de l’emploi, ainsi que sur l’importance d’un financement direct des exploitants agricoles pour atteindre la souveraineté alimentaire et réussir l’industrialisation du pays.

 

Une épargne vivante et productive

 

Clôturant son intervention, le ministre a résumé le cap à suivre : « Notre objectif commun doit être de promouvoir une épargne qui ne soit pas dormante, mais investie de manière productive, afin de constituer un patrimoine solide et transmissible. »

 

Entre plaidoyer citoyen, innovations pédagogiques et interpellations économiques, cette huitième édition du Salon de l’Épargne s’annonce comme un moment charnière pour ancrer durablement la culture de l’épargne et de l’investissement en Côte d’Ivoire.