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  • 25/09/2025

Sierra Leone : Une cimenterie de 24 millions de dollars pour réduire la dépendance aux importations

La Sierra Leone amorce un tournant industriel avec l’appui du Groupe de la Banque mondiale. L’International Finance Corporation (IFC) a annoncé un financement de 24 millions de dollars destiné à MACCEM Industries SL Limited, unique cimentier local. L’objectif est clair : réduire une dépendance quasi totale aux importations de ciment et stimuler la création d’emplois.

 

Depuis plus de quarante ans, la Sierra Leone ne dispose d’aucune cimenterie opérationnelle. L’ensemble du marché repose sur les importations, principalement en provenance du Sénégal et du Nigéria. Cette dépendance accroît la vulnérabilité du pays face aux fluctuations des prix et au coût élevé du transport maritime. Résultat : le ciment local se vend à un prix plus élevé que dans plusieurs pays voisins, ce qui alourdit la facture de la construction.

 

La nouvelle usine de broyage, implantée à Freetown, devrait produire 657 000 tonnes de ciment par an. De quoi couvrir 65% de la demande intérieure. Plus de 4 000 emplois directs et indirects sont attendus, une avancée majeure dans un pays où le chômage des jeunes reste l’un des principaux défis économiques et sociaux.

 

« Ce partenariat avec l'IFC marque un nouveau chapitre pour Maccem et pour la Sierra Leone », a déclaré Ahmad Mackie, PDG de Maccem Industries SL Limited. « Ensemble, nous construisons la première usine de broyage de ciment du pays depuis quatre décennies, un projet qui réduira la dépendance aux importations, créera des emplois, renforcera les entreprises locales et posera les bases d'une croissance durable et inclusive. »

 

Le financement se compose de deux volets : 12 millions de dollars issus directement des fonds de l’IFC et 12 millions supplémentaires via le mécanisme conjoint IFC-MIGA, adossé à l’Association internationale de développement (IDA-20). Ce type de structure illustre la volonté de la Banque mondiale de soutenir les industries locales dans les économies fragiles.

 

Mais au-delà du financement, le projet pose plusieurs défis. La logistique portuaire à Freetown reste limitée, et les coûts énergétiques en Sierra Leone sont parmi les plus élevés de la sous-région. Même si l’usine intégrera une composante solaire, la compétitivité de MACCEM dépendra de sa capacité à réduire ses coûts face aux importations régionales parfois moins chères.

 

Pour le marché local, les attentes sont élevées. La production nationale pourrait faire baisser le prix du ciment, un facteur clé pour rendre la construction de logements et d’infrastructures plus accessible. L’impact sur les ménages et les entreprises de BTP serait immédiat, dans un contexte où la demande de logements sociaux, de routes et d’infrastructures énergétiques reste considérable.

 

« Le partenariat de l'IFC avec MACCEM soutiendra le développement de logements et d'infrastructures essentielles telles que les routes, les réseaux d’eau et les projets énergétiques », a souligné Abdu Muwonge, représentant conjoint du Groupe de la Banque mondiale en Sierra Leone.

 

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale visant à diversifier une économie encore très dépendante des matières premières, notamment des minerais et de l’agriculture. En soutenant le développement industriel, la Sierra Leone cherche à bâtir une base productive plus solide et à attirer davantage d’investissements privés.

 

Pour l’IFC, ce projet s’ajoute à un portefeuille de 43,5 millions de dollars en Sierra Leone, couvrant déjà l’agroalimentaire, les télécommunications, l’inclusion financière et l’énergie. L’ambition affichée est claire : démontrer que la résilience économique passe aussi par la capacité d’un pays à produire localement ses matériaux stratégiques.

 

Avec MACCEM, la Sierra Leone espère enfin jeter les fondations d’une industrialisation durable et réduire sa dépendance à un secteur vital : celui qui permet de construire ses logements, ses routes et ses infrastructures.