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  • 23/07/2025

30% pour les nationaux : La Banque mondiale instaure une nouvelle règle pour ses appels d’offres

À partir du 1er septembre 2025, les entreprises candidates à des projets d'infrastructures financés par la Banque mondiale devront obligatoirement employer au moins 30% de main-d’œuvre locale. Une condition nouvelle, imposée dans le cadre des appels d'offres internationaux, qui vise à renforcer l’impact social des investissements de l’institution dans les pays en développement.

 

L’objectif est clair : stimuler la création d’emplois locaux, développer les compétences nationales, et renforcer les économies locales à travers les projets d’infrastructures publiques. Une décision aux allures de tournant politique pour la Banque mondiale, qui entend faire de chaque projet financé un levier de développement humain.

 

« Cette nouvelle exigence renforce notre engagement en faveur de la création d’emplois », a déclaré Gallina A. Vincelette, vice-présidente chargée des politiques opérationnelles et des services aux pays à la Banque mondiale.

 

Elle insiste : le recours à la main-d’œuvre locale n'est pas qu'un geste social, c’est un investissement structurel dans le potentiel économique des pays bénéficiaires. « En privilégiant le recours à la main-d’œuvre locale dans les projets financés par la Banque mondiale, nous créons non seulement des emplois immédiats (...), mais nous investissons également dans le potentiel à long terme des communautés locales », a-t-elle souligné.

 

Une réponse à l'urgence démographique et sociale

 

Ce changement de cap s’inscrit dans un contexte mondial marqué par une forte pression démographique sur les marchés du travail. Selon la Banque mondiale, 1,2 milliard de jeunes devraient rejoindre les économies émergentes au cours des dix prochaines années. Dans ce cadre, les projets d’infrastructure — souvent très coûteux — doivent également servir à former, insérer et valoriser la main-d'œuvre locale.

 

Les autorités de la Banque mondiale insistent sur la cohérence entre financement, passation de marchés et impact social. En liant désormais les clauses contractuelles à des exigences d’inclusion locale, l’institution pousse les entreprises à s’adapter à une nouvelle donne : l’investissement étranger doit produire un effet direct sur les populations locales.

 

Une réforme qui s’inscrit dans une modernisation plus large

 

Ce n’est pas la première mesure prise en ce sens. En mars 2025, la Banque mondiale avait déjà revu ses procédures de passation de marchés pour favoriser l’innovation, la durabilité, la qualité des offres et les bénéfices sociaux. L’accent est désormais mis sur des critères plus larges que le simple prix. Le coût du cycle de vie, les solutions innovantes, ou encore la création d’emplois locaux sont désormais des critères majeurs d’évaluation.

 

Cette réforme de septembre apparaît donc comme la consolidation d’un virage stratégique : faire du développement un cercle vertueux où l’argent investi rime avec transformation durable.

 

Une question de cohérence et d’impact

 

En imposant une part minimale de main-d’œuvre locale, la Banque mondiale bouscule les pratiques établies et impose une nouvelle norme. Les entreprises internationales seront désormais contraintes de recruter, former et travailler avec des acteurs locaux, souvent ignorés ou marginalisés dans les grands chantiers.

 

Cette décision, si elle est bien appliquée, pourrait transformer profondément la manière dont les infrastructures sont construites en Afrique, en Asie ou en Amérique latine.

 

En somme, il ne s’agit pas d’une simple clause de contrat. C’est une vision politique de l’investissement public international, qui parie sur l’humain comme moteur du développement.