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  • 23/07/2025

Afrique du Sud / Inflation : La viande flambe, les ménages s’inquiètent

Après deux mois de stabilité, l’inflation repart discrètement à la hausse en Afrique du Sud. Tirée par la montée en flèche des prix alimentaires, l’inflation à la consommation a atteint 3,0% en juin, contre 2,8% en avril et mai, selon les données publiées par Stats SA. Sur un mois, l’indice des prix à la consommation (IPC) a progressé de 0,3%.

 

Cette tendance, bien que modérée, ravive les inquiétudes sur le coût de la vie, d’autant plus que la pression provient de produits essentiels.

 

Le bœuf, principal moteur de l’inflation

 

L’inflation alimentaire affiche un rythme de 5,1% en glissement annuel – un record sur 15 mois. C’est principalement la viande, et notamment le bœuf, qui tire les prix vers le haut.

 

En juin, le bœuf à ragoût a vu son prix bondir de 21,2% sur un an, la plus forte hausse enregistrée depuis le lancement de la série actuelle de l’IPC en janvier 2017. La viande hachée et le steak suivent la même tendance, dans un contexte de forte demande domestique et de tensions sur l’offre.

 

À noter : ces hausses interviennent alors même que les prix du carburant poursuivent leur baisse – un paradoxe apparent, puisque la baisse des coûts logistiques aurait dû soulager en partie les filières d’approvisionnement.

 

Fruits, légumes, céréales : un panier toujours instable

 

Au-delà de la viande, les produits frais restent sous tension. Les prix des fruits, légumes et noix continuent d’évoluer à deux chiffres, pour le deuxième mois consécutif. Des hausses notables ont été enregistrées sur des produits de base comme la betterave, la laitue ou encore les carottes.

 

Seule exception : les cacahuètes, dont le prix a légèrement reculé.

 

Du côté des produits céréaliers, l’inflation ralentit. Le riz blanc, les céréales chaudes et froides enregistrent des baisses notables, tandis que la semoule de maïs, en forte progression sur l’année, affiche une hausse mensuelle modérée (+0,4%), la plus faible depuis novembre 2024.

 

Lait, œufs : un rare soulagement

 

Les produits laitiers apportent une bouffée d’air. Les prix du lait frais entier, du lait écrémé et des œufs sont en baisse par rapport à juin 2024. En glissement annuel, la catégorie "lait, produits laitiers et œufs" passe même en territoire négatif (-0,5%).

 

Mais ce recul n’est pas forcément synonyme de soulagement durable. Sur un mois, la tendance repart légèrement à la hausse (+0,3%), tirée par l’augmentation du prix des fromages.

 

Loyers stables, carburants en baisse

 

Hors alimentation, la situation reste contrastée. Les loyers réels, relevés trimestriellement par Stats SA, progressent de 3,0% sur un an au deuxième trimestre, contre 2,9% au premier. Les loyers imputés, qui reflètent la valeur des logements occupés par leurs propriétaires, augmentent légèrement à 2,5%.

 

En revanche, les carburants poursuivent leur trajectoire baissière, pour le quatrième mois consécutif. Ils sont aujourd’hui 11,2% moins chers qu’en juin 2024. Une tendance qui contribue à contenir l’inflation globale, mais dont les effets sur les prix alimentaires restent limités à ce stade.

 

Inflation contenue, mais pression croissante

 

Avec un taux annuel encore en dessous des 4%, l’inflation reste maîtrisée au sens statistique. Mais dans les faits, les hausses ciblées sur les denrées alimentaires de base pèsent lourd sur les budgets des ménages, en particulier les plus modestes.

 

Cette situation pourrait devenir un enjeu de politique économique, si la dynamique haussière devait se confirmer. D’autant que le glissement progressif de l’inflation alimentaire vers d’autres postes, comme les loyers, pourrait signaler un élargissement de la pression sur les prix.

 

La Banque centrale gardera donc un œil vigilant sur les évolutions à venir. Car si la tendance s’installe, elle pourrait contraindre à un resserrement monétaire, au risque de freiner davantage une croissance déjà fragile.