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  • 25/07/2025

Angola : l’AFC finance une révolution par les ponts

Avec un décaissement de 75 millions d’euros, l’Africa Finance Corporation relance un chantier stratégique pour sortir des régions entières de l’enclavement. Objectif : relier, désenclaver, transformer.

 

L’Angola trace la route de son développement… à coup de ponts. Grâce à un financement de 75 millions d’euros octroyé par l’Africa Finance Corporation (AFC), le pays enclenche une nouvelle phase de son Plan national de développement 2023-2027. En ligne de mire : la construction de 186 ponts prioritaires et la réhabilitation d’infrastructures routières vitales pour son économie intérieure.

 

Ce projet, d’un coût global de 381,5 millions d’euros, vise à corriger l’une des failles historiques de l’économie angolaise : l’enclavement logistique. En réduisant les coûts de transport et en améliorant l’accès aux marchés pour les producteurs agricoles, le gouvernement ambitionne de connecter les zones rurales aux centres urbains et de créer près de 900 emplois directs.

 

« Nous sommes fiers de soutenir cet investissement catalyseur qui permettra de relier les régions mal desservies, de renforcer le commerce régional et d’améliorer la qualité de vie de millions d’Angolais », a déclaré Samaila Zubairu, PDG de l’AFC.

 

Un montage financier sur mesure

 

Ce financement ne tombe pas du ciel : il s’inscrit dans un montage structuré et complexe, piloté par l’AFC. L’institution panafricaine, en plus de jouer le rôle d’arrangeur principal, s’est entourée de partenaires de poids :

  • US Export-Import Bank via la US Private Export Funding Corporation (tranche garantie),
  • Standard Chartered Bank (banque coordinatrice),
  • Conduril, groupe portugais de BTP (entrepreneur principal),
  • Acrow, société américaine spécialisée dans la fabrication de ponts modulaires.

 

Ce dispositif reflète une nouvelle tendance dans le financement des infrastructures africaines : des montages hybrides mêlant financement commercial, garanties d’agences de crédit à l’exportation et exécution par des entreprises privées aux expertises ciblées.

 

Plus qu’un chantier national, un levier régional

 

Derrière les ponts, c’est une vision géopolitique qui se dessine. En renforçant les corridors commerciaux et en améliorant la connectivité transfrontalière, ce programme sert aussi les ambitions d’intégration régionale de l’Afrique australe et centrale. Il doit notamment faciliter les flux de marchandises entre l’Angola et ses voisins tels que la RDC, la Namibie ou encore la Zambie.

 

À l’heure où le continent africain cherche à donner corps à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ces projets structurants sont essentiels.

 

« Ce décaissement démontre la capacité unique de l’AFC à structurer et financer des projets d’infrastructures à fort impact qui répondent aux priorités nationales essentielles et accélèrent la transformation économique », souligne M. Zubairu.

 

L’infrastructure, colonne vertébrale de l’économie

 

Depuis sa création en 2007, l’AFC s’est imposée comme un acteur incontournable du financement des infrastructures africaines. Avec 45 pays membres et plus de 15 milliards de dollars investis dans 36 pays, l’institution multiplie les projets dans les secteurs de l’énergie, des transports, des télécoms et de l’industrie.

 

L’initiative angolaise confirme une vérité économique souvent répétée mais rarement appliquée : pas de développement inclusif sans infrastructures solides.

 

En clair

  • Montant débloqué : 75 millions € sur 85 millions €
  • Projet global : 381,5 millions €
  • Objectifs : construire 186 ponts, améliorer les routes, créer 900 emplois
  • Partenaires : AFC, Standard Chartered, Conduril, Acrow, US Exim Bank
  • Impacts attendus : désenclavement, baisse des coûts logistiques, intégration régionale, résilience climatique

 

Angola mise sur les ponts pour combler ses fractures territoriales. Une stratégie de développement par la route, et surtout par la vision.