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  • 07/07/2025

Cinéma africain : l’IFC, la BAD et EbonyLife s’unissent pour propulser l’industrie

Le septième art africain s’apprête peut-être à franchir un tournant stratégique. L’IFC (Société financière internationale) et la Banque africaine de développement (BAD) viennent d’annoncer un partenariat avec EbonyLife Media, groupe nigérian emblématique de la production cinématographique, pour étudier la création d’un véhicule d’investissement panafricain dédié au financement de films produits sur le continent.

 

Cette initiative pourrait renforcer un secteur aussi prolifique que vulnérable.

 

Un potentiel cinématographique encore sous-exploité

 

L’Afrique est aujourd’hui l’un des continents les plus dynamiques en matière de production audiovisuelle. Le Nigeria, avec son industrie « Nollywood », est reconnu comme le deuxième producteur mondial de films en volume, derrière l’Inde. Toutefois, cette vitalité ne se reflète pas encore dans les chiffres d’affaires ni dans la qualité des infrastructures.

 

D’après l’UNESCO, le cinéma africain génère environ 5 milliards de dollars de PIB et soutient près de 5 millions d’emplois. Mais ces chiffres restent en deçà de son potentiel réel, freiné par de multiples obstacles : un accès limité au financement, l’insuffisance des politiques publiques, l’absence de protections solides en matière de propriété intellectuelle, et le piratage qui représenterait jusqu’à 50% de pertes de revenus pour les producteurs.

 

IFC, BAD et EbonyLife : un partenariat pour structurer un marché

 

C’est dans ce contexte que l’IFC et la BAD ont décidé de s’associer à EbonyLife Media afin d’explorer les modalités d’un financement structuré à l’échelle du continent. L’objectif : mobiliser des capitaux pour soutenir des projets audiovisuels porteurs de récits africains originaux et compétitifs sur le marché mondial.

 

« L’économie créative africaine est un atout culturel et un moteur de croissance inclusive, d’emploi des jeunes et de rayonnement mondial », souligne Dahlia Khalifa, directrice régionale pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest anglophone à l’IFC.

 

Ce partenariat s’inscrit dans la stratégie de l’institution, qui mise de plus en plus sur les industries culturelles pour créer des emplois durables, notamment dans les pays à forte croissance démographique.

 

Un levier économique pour les femmes et les jeunes

 

De son côté, la BAD confirme son engagement en faveur des industries créatives, vues comme des secteurs de transformation économique. Elle finance actuellement une étude de marché sur les différents sous-segments de cette industrie afin de poser les bases d’un plan d’action continental.

 

« Le cinéma est un secteur de croissance qui soutient l’entrepreneuriat et la création d’emplois pour les jeunes et les femmes en Afrique », rappelle Ousmane Fall, directeur des opérations du secteur privé du Groupe de la Banque africaine de développement.

 

Par ailleurs, la Banque entend renforcer ses interventions dans le domaine à travers des initiatives comme AFAWA, qui vise à combler l’écart d’accès au financement entre les sexes sur le continent.

 

EbonyLife, vitrine de la narration africaine

 

Acteur clé de cette alliance, EbonyLife Media incarne depuis plus d’une décennie l’ambition d’un cinéma africain audacieux, moderne et tourné vers l’international. Dirigée par Mo Abudu, la société nigériane est à l’origine de plusieurs succès commerciaux et de partenariats stratégiques avec des studios majeurs comme Sony Pictures Television, Starz, Westbrook Studios ou encore 22 Summers d’Idris Elba.

 

« Depuis près de deux ans, je pose discrètement les bases : définir et bâtir un écosystème conçu pour évoluer, ouvrir des perspectives et fournir le capital vital dont les cinéastes africains ont besoin », explique Mo Abudu, estimant que cette collaboration avec la BAD et l’IFC pourrait marquer un tournant historique pour la visibilité des productions africaines.

 

Vers un nouvel âge d’or du cinéma africain ?

 

En explorant les bases d’un fonds d’investissement structurant, les trois partenaires espèrent mettre en place un écosystème financier durable pour la production cinématographique africaine. Cela implique non seulement des capitaux, mais aussi une coopération avec les gouvernements afin de renforcer la protection juridique des œuvres et mettre en place des incitations fiscales adaptées.

 

À retenir

 

- Objectif : Explorer la création d’un fonds pour financer les films africains.

 

- Acteurs : IFC, BAD, EbonyLife Media.

 

- Enjeux : création d’emplois, lutte contre le piratage, rayonnement culturel.

 

- Contexte : une industrie dynamique mais freinée par le sous-investissement et l’insécurité juridique.

 

Ce partenariat pourrait bien ouvrir une nouvelle ère pour le cinéma africain : une ère où l’Afrique ne prête plus seulement ses décors, mais exporte pleinement ses récits au reste du monde.

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