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  • 16/09/2025

Côte d’Ivoire : Inflation en recul, mais le panier des ménages reste sous tension

En août 2025, l’Indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) affiche une baisse de -0,8% en glissement annuel, selon l’Agence nationale de la statistique (ANStat). Un signal positif pour la macroéconomie ivoirienne, bien en deçà du seuil communautaire de 3% fixé par l’UEMOA. Mais derrière cette stabilité apparente, la réalité du panier des ménages reste contrastée : certaines denrées chutent, d’autres flambent.

 

Une inflation faible… en apparence

 

Le chiffre phare du bulletin : -0,8% sur un an. Autrement dit, la hausse des prix ralentit par rapport à 2024. Mais si l’on regarde d’un mois sur l’autre, entre juillet et août, l’indice progresse légèrement de +0,2%. Un rappel que la tendance peut rapidement se retourner.

 

Des baisses marquées dans l’alimentaire

 

Les plus fortes corrections concernent les produits frais. Les dattes, figues et fruits tropicaux perdent -17,7% sur un an. Le poisson frais recule de -16%, et les céréales de -2,7%. À ces baisses s’ajoutent celles du logement, de l’énergie et des transports, qui contribuent au repli global. Pour les consommateurs urbains, ces reculs allègent temporairement la facture alimentaire. Mais pour les producteurs et commerçants, ils traduisent une perte de revenus significative.

 

Des hausses concentrées sur les produits de base

 

À l’inverse, plusieurs produits du quotidien s’envolent. La viande progresse de +6,8%, les légumes frais de +14,7%, et les huiles végétales de +1,9%. Autant de hausses qui frappent de plein fouet le pouvoir d’achat des ménages, en particulier en zone urbaine où ces produits sont indispensables.

 

Des prix variables selon les régions

 

Le bulletin souligne aussi les écarts régionaux. Le riz local se vend entre 500 et 695 FCFA le kilo selon les zones. La viande de bœuf varie de 2 290 à 3 675 FCFA le kilo. Ces écarts révèlent des disparités fortes entre marchés urbains et ruraux, qui traduisent autant des réalités logistiques que des tensions locales sur l’offre.

 

Que retenir pour les décideurs ?

 

  • Monétaire : avec une inflation moyenne annuelle à 0,9%, la Côte d’Ivoire reste bien en dessous du seuil UEMOA (3%). La BCEAO conserve une marge de manœuvre pour maintenir sa politique de stabilité.
  • Social : la hausse de produits de base rappelle que la stabilité globale ne suffit pas à protéger les ménages vulnérables. Des mesures ciblées pourraient être nécessaires pour soutenir leur pouvoir d’achat.
  • Productif : la forte chute des prix de certains produits (poissons, fruits tropicaux) appelle une vigilance sur les filières agricoles et halieutiques. Ces baisses peuvent être liées à la saisonnalité, aux cycles de récolte ou à des chocs d’offre.

 

Des tendances à suivre

 

Les économistes scruteront les prochains bulletins de l’ANStat pour voir si la tendance mensuelle (+0,2%) se confirme. Trois points de vigilance se dégagent :

 

1.   L’évolution des prix à l’importation, notamment des denrées alimentaires.

2.   La volatilité des produits frais, sensible aux saisons.

3.   Les écarts persistants entre régions, révélateurs de tensions logistiques.

 

Bonne nouvelle pour la macroéconomie : l’inflation recule et reste maîtrisée. Mauvaise nouvelle pour les ménages : certains produits clés du panier flambent encore. Le défi des prochains mois sera d’éviter que ces poches de tension n’érodent les gains de stabilité, en ciblant les filières où les hausses pèsent le plus sur le quotidien.