Le président kényan William Ruto a choisi Addis-Abeba pour tirer une salve contre l’architecture financière mondiale. Au 2ᵉ Sommet africain sur le climat, début septembre, il a dénoncé un système qui, selon lui, étrangle les pays pauvres sous le poids de dettes coûteuses, tout en laissant les pays riches se financer à bas prix. Une mécanique qu’il n’a pas hésité à qualifier de “nouveau colonialisme financier”.
Un système à deux vitesses
“Le système actuel punit les pays pauvres avec
des taux d’intérêt élevés, tandis que les pays riches bénéficient de taux très
bas”, a lancé Ruto devant les chefs d’État africains, ministres et experts
réunis dans la capitale éthiopienne.
Le constat est brutal. En moyenne, les pays
africains empruntent sur les marchés internationaux à des taux dépassant 10%,
quand les économies développées lèvent des fonds à moins de 2%. Le Ghana, par
exemple, a émis en 2021 un eurobond à 8,875% ; au même moment, l’Allemagne
empruntait à taux négatif. Résultat : les marges budgétaires s’évaporent, et
les investissements dans la transition énergétique, l’éducation ou la santé
sont repoussés.
Un héritage postcolonial
En qualifiant cette mécanique de “colonialisme de
nouvelle génération”, Ruto fait écho à un débat ancien. Depuis les années 1980,
les plans d’ajustement structurel imposés par le FMI et la Banque mondiale ont
souvent été perçus comme une mise sous tutelle économique, réduisant la
souveraineté des États africains.
Aujourd’hui encore, le “Cadre commun” du FMI,
censé organiser la restructuration de la dette, est jugé lent et inefficace. La
Zambie a dû attendre plus de trois ans pour finaliser un accord avec ses
créanciers, une durée qui illustre les blocages persistants.
Dette et climat, un combat indissociable
Au sommet d’Addis-Abeba, la question n’était pas
seulement financière. Elle était aussi climatique. L’Afrique contribue à moins
de 4% des émissions mondiales de CO₂, mais elle est le continent le plus
vulnérable aux sécheresses, aux inondations et aux crises alimentaires liées au
climat.
“Tant que nous restons prisonniers de dettes
coûteuses, nos engagements climatiques resteront aspirationnels, sans impact
réel”, a averti Ruto. Selon la Banque africaine de développement, le continent
a besoin de près de 250 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour financer
son adaptation et sa transition énergétique.
Une réforme attendue
Cette dénonciation s’inscrit dans la continuité
des appels lancés lors du Sommet de Nairobi en 2023 et du Sommet de Paris pour
un nouveau pacte financier mondial. Les dirigeants africains réclament
notamment une émission accrue de Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI et des
conditions de prêt équitables pour soutenir les pays vulnérables.
Mais pour Ruto, il ne s’agit plus seulement
d’ajuster à la marge. C’est une refonte complète de l’architecture financière
mondiale qu’il appelle de ses vœux, afin de permettre aux pays africains de
redevenir acteurs de leur destin économique et climatique.
Vers un rapport de force ?
L’Éthiopie, le Sénégal, l’Afrique du Sud et le
Nigeria ont soutenu l’appel à une réforme. Mais au-delà de l’unité affichée, la
question centrale reste entière : les pays du Nord accepteront-ils de céder une
part de leur confort financier pour donner à l’Afrique l’espace budgétaire dont
elle a besoin ?
En dénonçant un “colonialisme financier”, Ruto a
replacé le débat sur un terrain politique et symbolique fort. Son message est
clair : l’Afrique ne veut plus tendre la main. Elle réclame des règles du jeu
équitables pour financer son avenir.
Le sommet d’Addis-Abeba n’a pas livré de
solutions concrètes. Mais il a marqué une étape. L’Afrique ne veut plus être
spectatrice des négociations mondiales. En dénonçant un système qui perpétue
l’asymétrie entre Nord et Sud, William Ruto a jeté les bases d’un nouveau
rapport de force. Le véritable test sera de savoir si ce cri d’alarme se
traduira en réformes tangibles… ou s’il restera une déclaration de plus dans le
grand théâtre des sommets internationaux.
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