Face à la contraction des marges budgétaires et à la hausse des coûts de la dette, plusieurs pays africains s’interrogent sur de nouvelles sources de financement. Dans ce contexte, les ressources issues des diasporas – transferts de fonds et investissements – émergent comme une piste sérieuse mais encore peu mobilisée. Un récent rapport publié dans la série This Week in Macroeconomics par Phyllis Papadavid (ODI Global) met en lumière le potentiel et les limites de ce levier financier pour des pays comme le Nigéria, le Kenya ou encore l’Éthiopie.
Des transferts fiables, mais des investissements
encore timides
Depuis plusieurs années, les transferts de fonds
de la diaspora constituent une source stable et significative de revenus pour
de nombreuses économies africaines, souvent au-delà des flux d’IDE ou
d’investissements de portefeuille. D’après la Banque mondiale, ces transferts
représentent parfois plusieurs points de PIB, comme au Nigéria ou au Kenya.
Toutefois, souligne le rapport, « si ces transferts se sont avérés fiables, le
succès des différents mécanismes d’investissement de la diaspora a été mitigé ».
Le cas éthiopien en est une illustration. Deux
obligations de la diaspora émises en 2008 et 2011, toutes deux libellées en
dollars, n’ont pas rencontré le succès escompté. En cause : une absence de
garanties perçues, des incertitudes réglementaires, et une confiance limitée
dans les conditions de remboursement.
Le Nigéria : l’exemple d’une mobilisation réussie
À l’inverse, le Nigéria a réussi en 2017 à
émettre une obligation de la diaspora de 300 millions de dollars, qui a été sursouscrite
à 130%. Ce succès s’explique notamment par les protections réglementaires et
juridiques apportées par une cotation internationale. Le pays reste toutefois
sous pression : baisse des revenus pétroliers, inflation, dépréciation du
naira, et un ratio service de la dette/recettes estimé à 111%.
Dans un tel contexte, les obligations de la
diaspora apparaissent comme un outil mobilisable pour canaliser l’épargne des
émigrés et relancer la liquidité du marché local. Le rapport note que « les
obligations libellées en naira pourraient servir de couverture supplémentaire
[…] et d’alignement des passifs sur la monnaie locale », à condition que les
investisseurs soient rassurés sur la stabilité macroéconomique du pays.
Le Kenya : l’innovation ne suffit pas
Le Kenya, pour sa part, a exploré la voie de
l’innovation numérique avec M-Akiba, première obligation d’État souscrite via
téléphone mobile. Si le projet a marqué les esprits, il a connu de faibles taux
de souscription, en raison notamment de difficultés liées au processus d’achat.
Le rapport souligne que le pays dispose pourtant d’infrastructures fintech
solides qui pourraient être mises à profit dans le cadre d’un futur projet
d’obligation de la diaspora.
Phyllis Papadavid précise que « grâce à des taux
d’entrée plus attractifs et à des incitations fiscales ciblées sur la diaspora,
le marché obligataire local du Kenya pourrait prospérer », en réduisant sa
dépendance à la dette extérieure et en diversifiant son financement domestique.
Des obstacles persistants, mais un potentiel réel
La mobilisation de l’épargne de la diaspora reste
confrontée à plusieurs freins. D’abord, la convertibilité limitée de certaines
monnaies africaines augmente la perception du risque. Ensuite, la majorité des
investisseurs de la diaspora restent orientés vers la préservation du capital,
et réclament des incitations fiscales et des garanties de change avant
d'engager des ressources.
Enfin, la notion de « prime nationale », soit
l’acceptation d’un rendement réduit par patriotisme, trouve ses limites lorsque
la gouvernance locale ou la transparence budgétaire sont jugées déficientes. La
réussite dépendra donc de la capacité des États à proposer des mécanismes
crédibles, stables, et encadrés juridiquement.
Une alternative stratégique dans un contexte
global tendu
Dans un environnement mondial marqué par le resserrement
des conditions financières, l’accès aux marchés internationaux devient de plus
en plus coûteux pour les pays africains. Les obligations de la diaspora, bien
conçues, pourraient ainsi offrir un accès à des capitaux moins volatils, mieux
ancrés localement et potentiellement plus stables à long terme.
Comme le conclut l’analyse, les capitaux de la
diaspora représentent une ressource importante, souvent inexploitée, qui
pourrait jouer un rôle de catalyseur pour l’investissement dans des secteurs
vitaux comme la santé, l’éducation ou les infrastructures.
Encore faut-il que les États sachent tendre la main à ceux qui, de loin, n’ont jamais cessé de croire au développement de leur pays d’origine.
Zinia Farnandiz Sep 28, 2024
Absolutely loved this post! Your tips on how to style a blazer are spot on. Keep up the great work, can’t wait for your next post!
Loren Watson Sep 18, 2024
Cover broad of topic in web development industry. Explained a lot of basic programming knowledge with easy to understand explanation.
Walter White Sep 29, 2024
Employees who have the flexibility to work remotely often report higher job satisfaction. This can lead to increased employee retention workforce.