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  • 01/08/2025

Interbancaire UMOA : Un souffle de liquidité sur fond d’assouplissement monétaire

La détente s’installe progressivement sur le marché interbancaire de l’UMOA. Dans un contexte de baisse de l’inflation et d’ajustement des taux directeurs par la BCEAO, les échanges entre banques repartent à la hausse. Décryptage d’une mécanique monétaire au cœur de la relance.

 

Le marché interbancaire de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) est souvent ignoré du grand public. Pourtant, c’est là que se joue une partie essentielle du financement de l’économie. Il s’agit de l’espace où les banques commerciales s’échangent des liquidités à très court terme, pour répondre à leurs besoins quotidiens de trésorerie.

 

En 2025, ce marché stratégique a connu une évolution contrastée, révélant les tensions, mais aussi les ajustements positifs au sein de l’espace communautaire. C’est ce que révèle le dernier rapport de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), publié le 2 juillet 2025.

 

Début d’année poussif, puis retour progressif de la confiance

 

Les chiffres sont éloquents. Entre janvier et avril 2025, les volumes hebdomadaires échangés sur le marché interbancaire sont passés de 637 milliards FCFA à 737 milliards FCFA, soit une progression de 15,7%. Un redressement salué par les analystes après une baisse marquée en début d’année.

 

En janvier, l’activité avait chuté de près de 23% par rapport à décembre 2024. Plusieurs facteurs expliquent cette contraction : incertitudes sur les anticipations d’inflation, prudence des banques dans un contexte international tendu, et besoin d’ajustement post-fêtes.

 

Mai 2025 : rebond confirmé sous l’effet de la politique monétaire

 

Le mois de mai a marqué un tournant. Selon la BCEAO, les volumes hebdomadaires ont atteint en moyenne 875 milliards FCFA, soit une hausse de 18,7% par rapport à avril. Ce dynamisme s’explique par une meilleure accessibilité à la liquidité et une amélioration des conditions monétaires.

 

Le signal fort est venu de la BCEAO elle-même. Lors de son comité de politique monétaire du 4 juin 2025, l’institution a abaissé son principal taux directeur de 3,50% à 3,25%. Un geste qui visait à encourager le crédit bancaire et relancer la demande intérieure.

 

« Nous observons une détente sur le marché interbancaire, avec une baisse continue des taux à une semaine », indiquait alors un communiqué officiel de la BCEAO.

 

Des taux en chute libre, mais sous contrôle

 

Cette orientation s’est répercutée sur le taux moyen pondéré à une semaine, principal indicateur de la pression sur le marché. En mars, il était de 5,71%. Il est descendu à 5,52% en avril, puis à 5,34% en mai.

 

Ce repli est cohérent avec la baisse de l’inflation dans l’UMOA, estimée à 0,6% en mai 2025, en dessous de la cible basse de la zone. Pour mémoire, l’inflation avait dépassé les 5% en 2023. Cette stabilisation des prix a donc offert des marges de manœuvre à la Banque centrale.

 

Une reprise fragile mais essentielle pour la relance

 

Cette embellie sur le marché interbancaire ne doit cependant pas masquer certaines fragilités. Le rebond reste tributaire des interventions de la BCEAO et de la confiance des banques entre elles. L’enjeu principal reste le transfert effectif de cette liquidité vers les entreprises et les ménages, via le crédit.

 

En clair, une détente monétaire sans reprise du financement de l’économie réelle n’aurait qu’un impact limité. C’est pourquoi les analystes attendent des données sur la distribution du crédit au second semestre 2025 pour juger de l’efficacité de l’assouplissement.

 

« La politique monétaire ne peut pas tout faire. Elle crée les conditions, mais c’est aux banques de jouer leur rôle d’intermédiation », soulignait récemment un expert interrogé par Jeune Afrique.

 

La BCEAO en chef d’orchestre prudent

 

Avec cette évolution du marché interbancaire, la BCEAO démontre sa capacité d’adaptation face à une conjoncture mouvante. En abaissant ses taux et en fluidifiant l’accès à la liquidité, elle renforce son rôle de stabilisateur macroéconomique.

 

Mais la relance ne viendra que si les banques commerciales répercutent cette amélioration dans leurs offres de crédit. L’efficacité de la chaîne de transmission monétaire reste donc le principal test à venir.