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  • 05/09/2025

Mali : La fermeture des commerces mauritaniens s’intensifie et relance les tensions

Au Mali, la fermeture progressive de commerces mauritaniens non régularisés prend de l’ampleur. Depuis mars 2025, cette mesure, en réponse aux expulsions de Maliens par la Mauritanie, transforme un contrôle administratif en véritable bras de fer économique et diplomatique.

 

Depuis mars 2025, les relations Mali-Mauritanie sont marquées par un regain de tensions. Tout a commencé le 2 mars, lorsque Nouakchott a procédé à l’expulsion de centaines de Maliens en situation irrégulière, notamment à la frontière de Gogui. Les autorités mauritaniennes justifient ces expulsions par la nécessité de contrôler l’immigration clandestine et d’assurer la sécurité nationale.

 

En réaction, le Mali a commencé à fermer certains commerces mauritaniens dans la capitale et dans d’autres villes, invoquant la régularité des registres de commerce et l’exigence de cartes d’identité maliennes pour tous les commerçants étrangers. Initialement limitées, ces fermetures ont connu une accélération notable début septembre 2025, affectant un nombre croissant de boutiques et intensifiant l’inquiétude de la communauté mauritanienne.

 

Pour Bamako, cette démarche n’est pas une discrimination mais une affirmation de souveraineté économique. « Aucun commerçant, qu’il soit malien ou étranger, n’est au-dessus de la loi », insiste le gouvernement malien. Ces fermetures sont perçues comme une réponse directe aux expulsions de ressortissants maliens par la Mauritanie en mars.

 

La chronologie des mesures maliennes souligne l’escalade :

  • 5 mars 2025 : annonce officielle d’un dispositif d’assistance pour les Maliens expulsés.
  • 7 mars 2025 : délégation malienne apporte une aide humanitaire à la frontière de Gogui.
  • 15 mars 2025 : premières fermetures de commerces mauritaniens à Bamako.
  • Début septembre 2025 : intensification des fermetures, touchant un nombre plus large de commerces.

 

Cette politique a un impact direct sur l’économie locale. Les fermetures réduisent la disponibilité de certains produits importés, affectent l’emploi des commerçants et perturbent les chaînes d’approvisionnement. Elles mettent également en lumière la fragilité des relations économiques transfrontalières dans la région.

 

La crise a des répercussions diplomatiques. L’ambassade mauritanienne au Mali cherche à négocier un sursis pour les commerçants, signe que Bamako envoie un message fort de réciprocité : les droits et devoirs des ressortissants sont désormais appliqués de manière stricte. Les analystes économiques soulignent que cette approche pourrait influencer le comportement d’autres investisseurs étrangers et la dynamique commerciale dans les années à venir.

 

En filigrane, cette situation rappelle que l’économie et la diplomatie sont intimement liées. Les mesures maliennes visent à protéger les intérêts nationaux et à montrer que la souveraineté commerciale prime, mais elles doivent être conciliées avec la nécessité de maintenir la coopération régionale. Le défi pour Bamako sera de concilier fermeté légale et ouverture économique, afin de stabiliser le marché intérieur sans détériorer durablement les relations avec Nouakchott.