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  • 25/11/2025

Nigéria : La Banque centrale joue la prudence et maintient son taux directeur à 27%

La Banque centrale du Nigéria (CBN) a choisi, ce mardi 25 novembre 2025, de maintenir son taux directeur à 27%, malgré un ralentissement notable de l’inflation. Une décision qui tranche avec les attentes d’une partie des analystes, mais qui s’inscrit dans une stratégie de prudence assumée par le gouverneur, Olayemi Cardoso, déterminé à ancrer durablement la stabilité des prix.

 

L’annonce intervient alors que l’inflation recule depuis sept mois consécutifs, atteignant 16,05% en octobre, contre 24,48% en janvier. Un reflux spectaculaire, mais encore insuffisant pour relâcher l’étau monétaire, estime la CBN. « L’inflation globale reste élevée (…) et nécessite des efforts soutenus pour la modérer davantage », a affirmé Cardoso lors de sa conférence de presse.

 

Une décision à contre-courant du marché

 

Les économistes sondés par Reuters anticipaient une baisse d’un point de pourcentage, dans la continuité du léger assouplissement de septembre (–50 points de base), première détente depuis quatre ans. La banque centrale a finalement résisté aux appels en faveur d’une réduction du coût du crédit, privilégiant une posture conservatrice.

 

Ce statu quo s’explique par plusieurs facteurs :

  • la volatilité persistante du naira, toujours sous pression ;
  • la hausse des prix alimentaires, alimentée par les contraintes logistiques et sécuritaires ;
  • des anticipations inflationnistes encore élevées, dans un contexte de réformes structurelles ;
  • et la nécessité pour la CBN de renforcer sa crédibilité, après des années marquées par des politiques monétaires jugées parfois incohérentes.

 

Stabiliser avant de relâcher

 

Le message est clair : la banque centrale préfère sécuriser la trajectoire de désinflation plutôt que d’agir trop tôt. Cette prudence pourrait toutefois ralentir la dynamique de reprise, alors que les entreprises, notamment les PME, peinent à absorber le coût élevé du crédit. Les ménages, eux, restent confrontés à des taux bancaires prohibitifs.

 

À court terme, la décision pourrait contribuer à stabiliser davantage la monnaie et à contenir les pressions sur les marchés financiers locaux. Mais elle prolonge aussi une période de financement relativement coûteux pour l’économie réelle.

 

Un arbitrage assumé

 

Dans un environnement où les chocs externes et internes continuent de s’accumuler — prix de l’énergie, insécurité alimentaire, volatilité des marchés émergents —, Abuja semble privilégier la rigueur monétaire à la stimulation économique. Le prochain cycle d’assouplissement dépendra donc de la capacité du Nigéria à consolider le recul de l’inflation dans les mois à venir.

 

En attendant, Cardoso maintient le cap : restaurer la stabilité macroéconomique, même si le coût à court terme reste élevé.