George DONKOR, Président de la BIDC : « L’emprunt obligataire vise à appuyer la relance des États de l’UEMOA »

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George Agyekum Nana DONKOR, président de la BIDC

La Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) lance un Emprunt Obligataire de 50 milliards de FCFA sur le marché financier de l’UEMOA. La période de souscription se déroulera à partir de ce 10 Mai jusqu’au 24 Mai 2021. George Agyekum Nana DONKOR, président de la BIDC, dans cette interview, nous donne plus de détails sur l’opération et les objectifs visés.

La BIDC est le bras financier de la CEDEAO et est engagée autant auprès des Etats que du secteur privé. Pouvez-vous présenter l’institution et ses missions ?

La Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) est la banque régionale d’investissement et de développement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui regroupe 15 Etats membres.

La BIDC est apparue en tant que groupe bancaire (le Groupe BIDC) après la transformation de l’ancien Fonds de coopération, de compensation et de développement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Fonds CEDEAO) en 1999. Le Fonds de la CEDEAO a été créé en 1975 et a commencé ses opérations en 1979.

La BIDC dispose d’un capital autorisé de 1 milliard d’Unités de Compte (UC). 70 % de ce montant sont réservés aux États membres tandis que 30 % sont ouverts à la souscription de membres non régionaux.

En tant que première banque régionale d’investissement et de financement du développement en Afrique de l’Ouest, l’objectif principal de la BIDC est de promouvoir les activités des secteurs privé et public dans les Etats membres à travers le financement et l’investissement dans des programmes et projets de développement. En définitive, nous sommes un instrument efficace de lutte contre la pauvreté, de création de richesses et de promotion de l’emploi pour le bien-être des populations de nos Etats membres.

La mission de la BIDC est de contribuer à la création des conditions susceptibles de favoriser l’émergence d’une Afrique de l’Ouest économiquement forte, industrialisée et prospère, parfaitement intégrée tant sur le plan interne que dans le système économique mondial afin de bénéficier des opportunités offertes puis de tirer profit des possibilités et perspectives offertes par la mondialisation. Avec son siège basé à Lomé, en République Togolaise, la BIDC intervient dans les Etats membres à travers des prêts à long, moyen et court terme, des prises de participation, des lignes de crédit, des refinancements, des opérations d’ingénierie financière et des services.

Quelles sont les grandes réalisations que vous avez soutenues dans la région ?

Parmi nos principales réalisations, nous pouvons citer le fait d’être un actionnaire fondateur d’ASKY Airlines, l’une des principales compagnies aériennes panafricaines, ainsi qu’un actionnaire fondateur d’Ecobank Transnational Inc. (ETI), une institution bancaire panafricaine de premier plan. La Banque a également été un pionnier en tant qu’initiateur du Fonds Africain pour les Biocarburants et les Energies Renouvelables (FABER), devenu SABER-ABREC, qui a contribué au développement de l’industrie des biocarburants et des énergies renouvelables dans la région de la CEDEAO. En outre, la Banque a été un partenaire clé et un gestionnaire du Fonds de Garantie des Industries Culturelles (FGIC). 

Conformément à sa mission, la BIDC a été un partenaire majeur pour les programmes d’intégration régionale et la mise en œuvre de partenariats public-privé dans les États membres. Au cours des quatre dernières décennies, la Banque a investi environ 2,8 milliards de dollars dans des programmes de développement inter et intrarégionaux couvrant diverses initiatives en matière d’infrastructures et d’équipements de base, de développement rural et d’environnement, d’industrie, de secteurs sociaux et de services.

L’institution lance un emprunt obligataire dans la zone UEMOA. Quelles en sont les caractéristiques ?

L’émission obligataire vise à mobiliser 50 milliards de FCFA dans la zone UEMOA, ce qui constitue la première phase pour lever un emprunt total de 240 milliards de FCFA dans la zone afin de combler l’énorme déficit en infrastructures.

L’emprunt obligataire levé dans cette première phase sera amorti sur une durée de sept ans dont deux ans de différé, avec un taux d’intérêt annuel net de 6,50%, payé deux fois par an, et une exonération fiscale dans la zone UEMOA.

La période de souscription sera ouverte du 10 mai 2021 au 24 mai 2021 aux investisseurs, personnes physiques, sociétés, résidents et non-résidents de la zone UEMOA. L’emprunt obligataire a été approuvé par le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) et autorisé par le visa n° EOP/21-01 pour l’émission de 5 000 000 d’obligations au prix unitaire de 10 000 FCFA.

Quels sont les objectifs poursuivis par cette émission ; à quoi seront destinés les fonds mobilisés ?

Dans sa mission d’impulsion de la relance post-COVID-19 en Afrique de l’Ouest, la BIDC injectera les fonds collectés pour aider les États membres de l’UEMOA dans leur relance économique et le financement de projets de développement dans des secteurs tels que les infrastructures, l’énergie, l’eau et la santé.

Par ailleurs, cet effort de mobilisation des ressources vise à soutenir la dynamique d’industrialisation, avec un accent particulier sur les PME/PMI, conformément au Plan stratégique 2021-2025 de la Banque.

Pour quelle raison avez-vous fait le choix du marché de l’UEMOA plutôt que le marché financier international par exemple qui offre de meilleures conditions selon les spécialistes ?

L’objectif premier de cette émission est de contribuer à l’approfondissement du marché financier régional. Par ailleurs, le Franc CFA est l’une des monnaies dans lesquelles la BIDC traite. En mobilisant facilement des ressources en Franc CFA, la Banque peut financer ses engagements de prêts en FCFA sans s’exposer aux risques de change.

Cette levée est la première d’un projet plus ambitieux de mobiliser 240 milliards FCFA pour la région. Quelle sera donc la suite de l’agenda après cette première opération ?

La BIDC entend poursuivre sa mission en étant un catalyseur essentiel de la croissance économique de la zone UEMOA, notamment en réponse à l’impact négatif du Covid-19 sur la croissance socio-économique des Etats membres. La Banque prévoit de s’impliquer dans tous les projets d’impact au sein de la zone UEMOA, au mieux de ses capacités, afin d’aider ses États membres à relancer leurs économies et à stimuler la croissance. En effet, la Banque sera présente sur le marché pour lever suffisamment de ressources afin de marquer plus fortement son empreinte au sein de la zone UEMOA, favorisant la reprise économique post-Covid-19.

Rachelle SEKONGO Avec SIKA Finance

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