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  • 23/07/2025

Malawi face à une crise économique majeure : le FMI appelle à des réformes décisives

Confronté à une instabilité économique persistante, le Malawi est sommé par le FMI de passer à l’action. A l’issu de la consultation au titre de l’article IV 2025, l’institution monétaire estime que le pays, dont la dette explose et la croissance s’essouffle, devra engager des réformes structurelles de fond s’il veut espérer sortir de la spirale inflationniste.

 

Le Malawi traverse une période économique critique, marquée par une inflation persistante, une dette insoutenable et des pénuries de devises. Dans son rapport annuel publié le 21 juillet 2025, le Fonds monétaire international (FMI) dresse un constat alarmant tout en proposant des solutions pour stabiliser l’économie et améliorer les conditions de vie des Malawites (FMI, 2025). Fortement dépendant de l’agriculture et de l’aide internationale, le pays doit relever des défis structurels et conjoncturels. Quels sont les obstacles majeurs, et quelles réformes pourraient ouvrir la voie à un redressement ?

 

Une économie fragilisée par des chocs multiples

 

En 2024, la croissance du PIB réel du Malawi a ralenti à 1,8%, contre 1,9% en 2023, selon le FMI (FMI, 2025). Une production agricole décevante, due à des conditions climatiques défavorables, et des pénuries de devises, qui limitent les importations de carburant et de biens essentiels, expliquent cette faiblesse. Ces difficultés ne sont pas nouvelles : depuis des décennies, l’économie malawite, dépendante du tabac et du maïs, subit des chocs climatiques et une gestion budgétaire fragile (FMI, 2025).

 

L’inflation, alimentée par des prix alimentaires élevés et une politique monétaire trop permissive, a culminé à 30,7% en février 2024, avant de redescendre à 27,7% en mai 2025 grâce à la saison des récoltes (FMI, 2025). « L’inflation reste élevée », note le FMI, pointant du doigt la croissance monétaire rapide et l’écart entre le taux de change officiel, figé depuis avril 2024, et le marché parallèle. Cette rigidité annule les bénéfices de la dévaluation de novembre 2023, aggravant les pressions sur les prix.

 

Un fardeau financier insoutenable

 

La dette publique, qui atteint 88% du PIB fin 2024, est un obstacle majeur (FMI, 2025). Les intérêts absorbent 7% du PIB, réduisant les marges pour financer les écoles, les hôpitaux ou les infrastructures. Ce fardeau s’explique par des emprunts coûteux, tant internes qu’externes, et une baisse de l’aide publique au développement, qui creuse le déficit du compte courant (FMI, 2025).

 

Le déficit budgétaire, à 10,1% du PIB pour l’exercice 2024/25, reflète des recettes fiscales insuffisantes, des dépenses électorales élevées et des coûts d’emprunt croissants (FMI, 2025). « Le Malawi se trouve à un tournant critique », avertit le Conseil d’administration du FMI.

 

Les réserves de devises, tombées à seulement 0,3 mois d’importations en 2025, contre une norme internationale de 3 mois, accentuent la vulnérabilité du pays (FMI, 2025). Cette situation, comparable à celle d’autres nations d’Afrique australe comme la Zambie, limite l’accès à des produits de première nécessité, comme le carburant, et alimente les tensions sociales, notamment après les élections.

 

Des réformes urgentes pour stabiliser l’économie

 

Face à ces défis, le FMI appelle à des mesures immédiates. « Une action politique décisive et urgente » est nécessaire, affirme le Conseil d’administration (FMI, 2025). Pour réduire le déficit budgétaire, le FMI recommande d’élargir l’assiette fiscale, par exemple en taxant davantage les grandes entreprises ou en luttant contre l’évasion fiscale, un défi dans un pays où l’économie informelle domine (FMI, 2025). Contrôler les dépenses, notamment les salaires publics et les intérêts de la dette, tout en investissant dans les infrastructures et la protection sociale, est tout aussi crucial.

 

Sur le plan monétaire, le FMI insiste sur un resserrement de la politique pour juguler l’inflation. Cela implique d’éliminer la monétisation du déficit, c’est-à-dire cesser d’imprimer de l’argent pour financer les dépenses publiques (FMI, 2025). Un taux de change plus flexible, déterminé par le marché, est jugé « essentiel pour assurer la stabilité macroéconomique » (FMI, 2025). Une telle mesure permettrait au Malawi d’absorber les chocs externes et de reconstituer ses réserves, bien que les autorités, craignant une flambée des prix, pourraient hésiter face aux pressions sociales.

 

Dette et gouvernance : des chantiers prioritaires

 

La dette publique exige une restructuration rapide. Le FMI recommande de finaliser les négociations sur la dette extérieure et de privilégier des financements concessionnels à faible coût (FMI, 2025). Renforcer la gestion de la dette est essentiel pour éviter que les emprunts n’étouffent davantage l’économie.

 

Par ailleurs, des réformes de gouvernance sont cruciales. Réduire la corruption, améliorer la transparence et publier le Diagnostic de la gouvernance 2024 sont des priorités (FMI, 2025). « Il est essentiel de réduire les distorsions économiques et les contraintes réglementaires », souligne le FMI, pour diversifier l’économie et attirer les investissements, notamment dans le secteur minier.

 

Ces réformes ne sont pas sans risques. Les troubles sociaux liés aux élections ou une baisse de la production alimentaire pourraient compliquer leur mise en œuvre. Pourtant, elles sont indispensables pour briser le cycle de la dépendance à l’aide internationale et des crises récurrentes.

 

Une lueur d’espoir pour l’avenir ?

 

Malgré ces défis, le FMI prévoit une croissance modérée, de 2,4% en 2025 à 3,4% en 2029, à condition que les réformes soient appliquées (FMI, 2025). Les investissements miniers pourraient stimuler l’économie, mais les risques restent nombreux : politiques monétaires laxistes, réduction de l’aide internationale ou aléas climatiques. Sans action, le Malawi risque une crise sociale plus profonde, avec des pénuries aggravées et une érosion du pouvoir d’achat. À l’inverse, des réformes réussies pourraient attirer des investisseurs étrangers et relancer l’économie.

 

Pour les Malawites, la situation est pesante. Les prix alimentaires élevés et les pénuries de carburant pèsent sur le quotidien. « La stabilisation de l’économie et la mise en œuvre de réformes favorisant une croissance soutenue et inclusive sont essentielles à l’amélioration des conditions de vie », conclut le FMI (FMI, 2025). À la croisée des chemins, le Malawi doit agir rapidement. Les autorités, soutenues par le FMI et les partenaires internationaux, détiennent la clé d’un avenir plus stable.