« Notre bilan a franchi allégrement les 300 milliards de Franc CFA (458 millions d’euros). » Jean Luc Konan, PDG du Groupe Cofina

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Dans cet entretien exclusif, Jean-Luc Konan, PDG du Groupe Cofina, dévoile des changements importants dans le tour de table de la Holding de son institution financière. Le leader de la mésofinance en Afrique de l’Ouest et du Centre confirme l’arrivée du fonds Development Partners International (DPI) dans son tour de table et l’exit réussi du fonds Mediterrania Capital Partners (MCP), lequel part avec un bon TRI et une opinion positive quant au potentiel de la région. Au terme de cette transaction qui a impliqué la team stratégique de Jean-Luc Konan, de nouveaux horizons s’ouvrent pour le Groupe Cofina.

D’abord, quel bilan pouvons-nous tirer de l’année 2021 pour le Groupe Cofina ? 

Un bilan globalement satisfaisant. Pour l’ensemble des acteurs de notre secteur de la mésofinance et la clientèle (PME, TPE), l’impact de la pandémie a été important entre 2020, année de « la maladie », 2021, année de « la convalescence » et 2022, année de la « reprise et de la croissance ».  Nous dirons quant à nous que l’année de convalescence a été positive. Notre bilan a franchi allégrement les 300 milliards de Franc CFA (458 millions d’euros). Notre portefeuille est aussi en forte croissance avec 250 000 clients à la fin 2021.  Côté charges, nous sommes restés avec le même nombre d’employés, soit environ 1 400 postes, nous avons même repris les embauches.  En clair, 2021 fut un bon exercice.  

Comment se profile l’année 2022 ? Quelles sont les perspectives pour le groupe ? 

Des perspectives intéressantes en somme. Nous avons eu la chance d’accueillir en 2018 le fonds Mediterrania Capital Partners (MCP) dans notre capital. Il s’agissait de la première opération en Afrique subsaharienne pour ce fonds.  Quatre ans plus tard, à force de travail, nous avons pu sortir Mediterrania Capital Partners (MCP) et faire entrer Development Partners International (DPI), un fonds de ‘’grande capacité’’. Nous sommes très heureux de l’annoncer.  Il n’y a pas beaucoup d’institutions financières de notre région capable d’accueillir de tels fonds, que cela soit Mediterrania Capital Partners ou encore DPI.  C’est une sacrée performance pour le Groupe Cofina. Accueillir un fonds demande de la robustesse en termes de reporting, de gouvernance et de process.  L’arrivée de DPI nous ouvre de nouvelles perspectives. Dans notre métier, il faut des fonds propres car le secteur financier requiert de l’investissement à long terme. Notre développement passera par le renforcement de nos fonds propres, ce que l’investissement de DPI nous permettra d’atteindre.

L’arrivée de DPI est un événement majeur pour votre institution. Qu’en est-il de la nouvelle configuration de l’actionnariat suite à cette  entrée ?  

Nous avons toujours, conformément à notre philosophie, souhaité rester dans un groupe où nous sommes majoritaires. Mediterrania Capital Partners (MCP) était un minoritaire avec 34% de notre capital. DPI entre dans le capital mais reste un gros minoritaire. L’investissement apporté dans le Groupe Cofina est d’un montant 60 millions d’euros et il est extensible à 100 millions d’euros en cas d’évolution de notre activité.

Quel bilan financier et technique tirez-vous du compagnonnage avec Mediterrania Capital Partners (MCP) ?

Ce sont 4 belles années riches sur tous les plans. Dans notre métier, on dit toujours que c’est au moment de la sortie qu’on mesure le chemin parcouru. En 2018, nous avions une taille deux fois moins importante que maintenant. Aujourd’hui, à l’heure de l’exit, nous mesurons le gain apporté par MCP en termes d’augmentation de volume d’activité, de process, de reporting et de gouvernance. Ce fut un partenariat « win win« . Pour nous, avec Mediterrania Capital Partners (MCP), nous avons trouvé les leviers d’optimisation de notre force, avec notamment le lancement des filiales en France et au Togo.  Nous allons maintenant marquer un arrêt de deux ans de notre croissance géographique pour nous concentrer sur la croissance organique de nos filiales dans nos 9 pays de présence.  Beaucoup de ces filiales ont en général moins de quatre ans d’âge et ont de la marge de progression à combler. Dans cette consolidation, les ressources humaines seront au cœur du dispositif à travers notamment la Cofina Academy, notre académie de formation.  

Pouvez-vous revenir sur les raisons du choix d’une alliance avec DPI ? Quels sont les critères mis en avant et qu’est-ce que cette alliance implique pour le Groupe Cofina ? 

Cette alliance est le résultat d’une série d’échanges et de rencontres avec l’écosystème financier mondial et anglo-saxon en particulier. Nous avons rencontré beaucoup d’acteurs intéressés et avons choisi une alliance avec un fonds de ‘’grande capacité’’, qui a le même ADN que nous et des valeurs communes.  Cette alliance stratégique va participer au renforcement de nos fonds propres. En outre, DPI connaît bien la région et y dispose d’un réseau d’alliances importantes qui va nous ouvrir le chemin vers de nouveaux partenariats. Sur le plan technique, c’est un groupe qui peut nous accompagner dans l’accélération de la digitalisation de nos process et de nos produits.

Quelle a été la valorisation de Cofina lors de cette transaction ? 

Nos accords sont confidentiels.  Je peux toutefois vous indiquer qu’avec 60 millions d’euros d’investissement, DPI reste minoritaire, avec, disons-le, une part au-dessus de la minorité de blocage.  

Dans la nouvelle donne, peut-on dire que Cofina va changer de perspectives en passant de la mésofinance à la banque et en accélérant sa croissance ? 

Notre cœur de cible c’est la mésofinance et cela le restera. Certes, beaucoup de nos clients grandissent et nous essayons de voir comment les accompagner dans leur développement. Ce que je puis vous dire c’est qu’il s’agit là de sujets dont nous discutons en interne.  Nous travaillons pour avoir dans nos dispositifs une institution capable d’accompagner certains de nos clients qui sont devenus importants sans avoir le niveau de formalisation requis pour intéresser le secteur bancaire classique. Nous allons dans notre stratégie, accompagner ces clients de la nano à la méso en passant par la micro tout en restant dans les exigences des autorités de régulation en termes de fonds propres et de conformité.

A quand l’introduction en Bourse de Cofina ? 

C’est une bonne question ! Nous y pensons et nous explorons cette possibilité. Nous sommes déjà membre du programme Elite de la BRVM, qui favorise les entreprises et soutient leur renforcement de capacités, c’est une 1ère étape, car la préparation est très importante. Nous nous sommes donnés comme objectif 2026 – 2027 pour concrétiser cela. D’ici là, nous espérons que les valeurs boursières vont reprendre leur croissance, avec la reprise qui se profile.

Avec Agence Ecofin

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