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  • 03/10/2025

Mozambique : Eni engage 7,2 milliards de dollars dans un nouveau projet gazier flottant

 Le Mozambique consolide sa place sur la scène énergétique mondiale. Le groupe italien Eni et ses partenaires ont annoncé la décision finale d’investissement pour la construction d’une nouvelle unité flottante de gaz naturel liquéfié (GNL), baptisée Coral North. Avec un coût estimé à 7,2 milliards de dollars, ce projet doit entrer en service en 2028 et produire 3,6 millions de tonnes de GNL par an. Cette nouvelle capacité portera la production totale du pays à plus de 7 millions de tonnes annuelles, grâce à l’apport combiné de Coral North et de Coral South, déjà en activité.

 

Un projet stratégique pour Eni et ses partenaires

 

Le développement repose sur une coentreprise internationale. Eni, opérateur du projet, détient 50% des parts. China National Petroleum en possède 20%, tandis que Korea Gas, la compagnie publique mozambicaine ENH, et XRG, filiale d’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), disposent chacun de 10%.

 

Pour Eni, ce projet s’inscrit dans une stratégie visant à sécuriser des sources d’approvisionnement et à renforcer son rôle sur le marché européen du gaz. Comme l’a rappelé Claudio Descalzi, PDG d’Eni, « le gaz naturel est au cœur de la transition énergétique, et l’Afrique joue un rôle essentiel dans cette stratégie » (source : Eni, communiqué officiel).

 

Le Mozambique, nouvel acteur gazier de poids

 

Le pays dispose de réserves estimées à 100 trillions de pieds cubes, l’une des plus grandes découvertes mondiales de ces vingt dernières années. En 2022, Coral South, première unité flottante de GNL opérée par Eni, a marqué le début des exportations gazières du Mozambique. Coral North s’inscrit dans cette continuité, consolidant la place du pays dans le commerce mondial du gaz.

 

La province de Cabo Delgado, où se trouvent les gisements, reste toutefois marquée par une insurrection djihadiste depuis 2017. Cette instabilité a conduit TotalEnergies à suspendre son projet Mozambique LNG, beaucoup plus ambitieux (13 Mtpa). À la différence de ce dernier, Coral North est une installation flottante, positionnée en mer, ce qui réduit l’exposition directe aux risques sécuritaires terrestres.

 

Opportunités économiques et défis de gouvernance

 

L’ampleur de l’investissement est notable : 7,2 milliards de dollars, soit près de 40% du PIB actuel du Mozambique. Les retombées économiques attendues incluent des recettes fiscales accrues et de nouvelles perspectives de développement des infrastructures, de l’éducation et de la santé.

 

Mais les économistes rappellent un danger récurrent : la « malédiction des ressources ». Sans une gestion rigoureuse et transparente, cette manne financière risque d’alimenter la corruption et de creuser les inégalités sociales. La Banque mondiale a déjà souligné à plusieurs reprises que le Mozambique devait améliorer sa gouvernance pour tirer pleinement parti de ses ressources naturelles.

 

Un signal pour le marché mondial du GNL

 

Sur les marchés financiers, l’annonce a eu peu d’impact immédiat. L’action Eni cotait 34,80 dollars, en baisse de 0,74% le jour de l’annonce. Les investisseurs avaient anticipé cette décision. À long terme, Coral North devrait cependant renforcer la position d’Eni parmi les principaux acteurs du GNL, aux côtés de QatarEnergy et TotalEnergies.

 

Pour le Mozambique, ce projet illustre son ambition de devenir un fournisseur clé pour l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient. Avec Coral North, le pays franchit une étape supplémentaire dans son intégration aux grands flux mondiaux d’énergie.